Vous devez être étonné sans doute de ne point recevoir de ma part les Exemplaires des Constitutions de l’amérique que je vous ai promis le 20 du courant, jour que j’ai eu l’honneur de vous voir.
En vous quittant j’ai été chez M. de Néville. On m’a montré le nouvel embargo mis sur cet Ouvrage; c’est une Note que M. le Garde des Sceaux a écrite à côté de la permission, la voici: à condition que l’ouvrage passera encore sous les yeux de M. le Comte de Vergennes avant d’être distribué. On m’a dit qu’il étoit à propos que j’envoyasse un Exemplaire à M. le Comte de Vergennes, c’est ce que j’ai fait en rentrant chez moi: j’y ai joint le Lettre dont je vous envoie copie. J’attends la réponse de ce Ministre pour la faire passer aussitôt à M. le Garde des Sceaux qui l’enverra à M. de Néville pour enfin après tout cela m’autoriser à faire la distribution.
Vous voyez, Monsieur, que Paris ne ressemble point du tout à Philadelphie, et qu’il nous faudroit ici un second Franklin, s’il pouvoit en exister deux, pour nous délivrer de toutes ces entraves, entraves que je ne puis ni ne dois condamner, puisque je suis citoyen.
Cela ne m’empêche pas, Monsieur, de faire en attendant relier et brocher; et je serois en état actuellement de vous livrer tous vos Exemplaires si les Reglemens aucquels je suis assujetti m’en donnoient la liberté. Aussitôt que je serai dégagé de toutes les entraves que je viens de vous détailler, j’aurai l’honneur de vous en faire part.
Je suis avec un profond respect, Monsieur, Votre très-humble et très-obeissant serviteur