M. le Veillard qui est venu, Monsieur, passer ici quelques jours avec nous veut bien se charger de vous faire parvenir ma lettre; j’attendois une occasion favorable pour vous dire combien nous avons été charmés d’apprendre votre heureuse arrivée à Philadelphie et les transports de joie et de reconnoissance que vos compatriotes ont fait éclater en vous revoiant. Nous avons partagé le sentiment qui les animoit, et nous avons partagé ceux que vous avez éprouvés en revoiant l’Amérique libre, en recevant les félicitations de ses habitans, et en embrassant une fille chérie dont les petits enfans sautoient aux genoux de leur vénérable aieul. Puissiez vous vivre longtems pour voir, comme vous l’avez dit aux Juges de Philadelphie, votre Patrie heureuse par des Loix sages. Vos conseils lui sont nécessaires pour établir ces Loix et le Monde entier dont les yeux sont fixés sur l’Amérique attend d’elle le modele d’une bonne Législation après avoir applaudi aux efforts qui lui ont fait acquérir sa liberté. J’espere que nous aurons souvent de vos nouvelles dans ce pais ci; tous ceux qui ont eu le bonheur de vous y connoître et qui auront celui d’en recevoir se les communiqueront pour s’informer mutuellement de l’état de votre santé précieuse pour eux tous: toute ma famille me charge de la rappeller à votre souvenir; voudrez-vous bien vous charger de nos complimens pour Messieurs vos petits fils, et permettre que je profite du titre d’Académicien qui me donne l’honneur d’être votre Confrere, pour retrancher tout cérémonial des hommages de la vénération et du tendre et sincere attachement que je vous ai voué pour la vie