Victime innocente des poursuites cruelles d’une femme terrible vis a vis de laquelle je n’ai D’autres torts que D’avoir voulu épouser sa fille majeure et en droit de disposer de sa main, je me suis vû trainé inhumainement en prison comm’un criminel malgré l’innocence la plus notoire, la plus certaine. Détenu au Secret jusqu’à cet instant, D’aujourd’huy, j’ai enfin la liberté d’Ecrire. La voix publique m’assure que Mad. de Villeneuve n’a point cessé ses visites chèz M. Des brunières l’inspecteur de police chargé de sévir contre moy et chèz le Sieur Ninain Commissaire qui a reçu ma plainte, que le plan étoit déja dressé contre moy pour me perdre de réputation par toutes les apparances criminelles vis a vis de Mademoiselle de Villeneuve et du public, et que cela étant une voye sure de me faire manquer cet établissement avantageux, on ne devoit point héziter de tout mettre en usage pour cela. Comme la nature de mes dettes peu considérables, et qui dailheurs n’etoient point échües, ne pouvoit les autoriser a me faire de la peine en prenant la voye civile, ils ont voulu me faire attaquer criminellement par un nommé macon Charron au sujet des billets que je lui avois faits pour le restant de ce que je n’avois point payé quoyque j’eusse encore trois mois pour payer. On inspira à cet homme simple et crédule de m’attaquer comme n’ayant signé que Montfort d. P. au lieu de Prat-Montfort, et de débiter ouvertement que je ne me faisais appeller montfort qu’a paris depuis mon retour pour avoir la facilité de faire des dupes. On alla plus loin; on sema le Bruit et on affirma que je n’avois pas ete major en amérique, que j’avais servi comme domestique et une infinité d’autres histoires aussi fausses les unes que les autres. On pré[vint] la dessus a mon inscû le lieutenant de police etc. etc. et ce [fut] dans ces instans où la Calomnie avoit tout préparé, que je fus [pris] et renfermé, sans pouvoir etre écouté ni entendu d’ame qui vive.
O vous, respectable et digne représentant d’une nation que [mon] bras a si bien servie m’abandonneriés-vous dans ces instants de trouble et de Calamités. Non, non; vous ne m’abandonneres point, vous avouërez publiquement un brave et honnete homme qui a exposé sa vie et souffert mille fois toutes les fatigues de la guerre, les tourments de l’Esclavage chez les ennemis pour la Cause commune et tout ce que vos patriotes plus zélés auroient pu souffrir eux mêmes pour vos libertés. Quoiqu’on ait pu vous dire je n’ai eu D’autre tort que celui de quelques dettes mais pouvant les acquiter, ayant de quoy faire honneur à tout, cela ne peut me rendre Criminel. Je n’ai jamais prétendu que mon nom originaire n’étoit point Prat: mais j’ai toujours dit que je pouvois m’appeller Montfort sans faire tort a personne, et qu’il ny avoit point de Citoyen qui put en etre blessé, que la Branche de ma famille unie par des alliances a de respectables branches de familles francaises et anglaises la rendoit elle même égallement respectable, D’autant mieux que tout le public de la province de ma famille scavoit très bien que jean-Baptiste-justin Prat Seigneur Du Tour, []vaissiere etc. avocat au parlement de toulouze, mon père vivoit tres honnorablement du revenu de ses domaines.
Aujourd’huy que mon honneur est attaqué ainsi que Letat que j’ai eu en amérique, je réclame votre justice bonne et secourable. Je vous prie, Monsieur, de déclarer sans détour par un certificat D’ambassadeur, que Dans le vrai j. ant. j. Prat comte de Montfort a servi dans les états unis dans différents grades d’officier et notamment ceux de Capitaine et de major avec tout l’honneur et toute la bravoure, avec tout le patriotisme dun bon officier, d’un bon citoyen et du parfait honnête homme, en foy de quoy, vous avéz donné le présent Certificat pour me servir et valoir ainsi que les Certificats et actes signés Thompson secrétaire du Congress a Philadelphie.
On m’assure que M. Deane est arrivé. Il ne pourra désavouer La Considération publique que les américains m’ont accordé. La lettre de votre ami le général Robert deau vous la confirmé. Il éxiste ici un philadelphien qui rendra le même témoignage. C’est le docteur qui avoit diné chéz moy le jour que M. votre fils avoit été invité par moy, veille du jour quon m’a conduit ici, et qui m’a vu en amérique revenant de l’armée et accueilli dans les bonnes maisons de La capitale des Etats par la régularité de mes procédés patriotiques et de ma bonne conduite a L’armée.
Soyés juste et bon vis a vis de moy, cher et digne monsieur, Délivres moy Ce Certificat, je le mérite, il m’est du a Tous égards. Il doit me servir vis a vis du public qui prétend que je netois rien en amérique, mais qui ne le prétend que d[ ]mes ennemis contre toute vérité.
Il est certain que vous ne pouviés connaitre personnellement ma famille ni ses biens particuliers, mais moy vous m’avés connu par la lettre de M. Le general Robert deau membre du Congress votre ami, par mes Certificats D’armée, par les habitants des états unis qui m’ont connu et avoüé chez vous même Dans votre hotel a passy; vous avez toutes les raisons du monde, justice, connoissance de mon Etat, de ma conduite, reconnaissance naturelle, tout enfin jusqu’a mes malheurs non mérités doit porter votre Coeur a m’accorder a m’envoyer ce Certificat; je l’attends monsieur avec Confiance de votre part et suis avec tout L’attachement et tout le respect possible, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur