From the Marquis de Ponçins (unpublished)
Monsieur

Permettez moy de rapeller au souvenir de vôtre excellence qu’au mois de feuvrier de cette année jeus lhoneur de lui presenter mes ouvrages, entrautres un traité sur lagriculture, dont vous parutes si content, que vous manoncates que vous le déposeries a la bibliotheque de philadelphie, ou il seroit traduit en votre langue; jeus lhoneur de vous proposer en même tems, de lever une carte topografique des états unis, ou je noterois dapres lanalise du grain de terre de chaque canton, le régime quil conviendroit de lui apliquer, pour y déveloper lagriculture, le comerce, ou lindustrie. Je vous supliois en même tems de me faire concéder en mon propre des terres par le congres, si vous trouvies ce parti avantageux, attendu q’un revers de fortune occasioné par la perte dun proces contre léglise, mobligoit de passer en amerique.

Vous mobjectates a ces differents projets et demandes, des obstacles et empéchemens qui ne subsistent plus aujourdhui, puisque les indiens ou sauvages ont assuré par un traité au congres la proprieté des terreins qu’ils lui disputoient. Jay été informé qu’en consequence le congres alloit faire des concessions de terreins prétieux; si vous croyes ce parti avantageux, jose vous prier de mobtenir du congres un canton de terre considerable, et ou je puisse déveloper avantageusement mon talent en agriculture; vous sçaves, monsieur, par mon livre historien fidele de mes travaux, que jay été en ce genre un des grands opérateurs qu’il y aiteu depuis le comencement du monde, jay rasséni par des canaux considerables une partie de ma province, qui étoit submergée par des marais; jay par des défrichemens et désséchemens, minés, transports de terre, changé de grands deserts en des campagnes fertiles; mes atteliers ont été ouverts comme ceux dun souverain ou dune compagnie puissante aux bras de plusieurs provinces, que jay nourri pendant dix anées tres calamiteuses; et mes procedes et mon exemple ont fait tiercer la masse du grain dans ma province; je nen ay recu que des persécutions pour recompense, et de leau bénite de la cour. La perte dun proces moblige de chercher une autre patrie, et tres surement je nen puis pas trouver de mélieure que lamerique unie, a qui joffre de nouvau tous mes services. Je vous suplie donc de me faire sçavoir le plutot possible quelle est la concéssion de terres qu’on peut me faire, la mise que je dois y destiner, parceque jauray un capital pour cela, et les moyens ainsi que la route et le tems ou je dois me rendre en amerique.

Je suis avec une vénération tres respectueuse Monsieur vôtre tres humble et tres obéissant serviteur

le marquis De ponçins
chevalier de st. louis ancien officier
aux gardes françoises
Endorsed: Marquis de Poncins
642003 = 042-u680.html