From Esprit Antoine Gibelin (unpublished)
a Paris ce 7 fevrier 1785
Monsieur

La medaille des Etats unis de l’amerique que vous avez fait frapper l’année derniere, fut modelée sur le dessein que je composai a la priere de M. Brongniart.

Cet avantage, d’avoir donné une forme pittoresque a votre superbe idée, ne me procura point alors l’honneur d’être connu de vous; mais j’ai osé me flatter qu’a ce titre je pourrois espérer quelque part a votre protection et a vos bontés.

Elles me seront d’un grand secours dans le projet que j’ai formé de rassembler les desseins de toutes les médailles frappées a l’occasion de la derniere guerre, de les faire graver et de joindre a la description, le précis historique des faits qui y ont donné lieu, ouvrage qui ne peut manquer d’etre acceuilli, par la grandeur du sujet, parcequ’il mettra en même temps sous les yeux et les belles actions des hommes célèbres et la noble récompense qu’ils en ont eue, enfin parcequ’il reunira plusieurs idées dont quelques unes sont sublimes, sur une époque a jamais remarquable; notamment l’idee majestueuse de cette grande arcade fendue et brisee, dont un pilier posoit sur l’angletterre l’autre sur l’amerique; et l’heureuse allégorie d’hercule enfant qui étouffe les deux serpens.

J’ai connoissance

1º de la médaille de l’arcade brisée

2º du général Wasington son profil d’un coté et au revers le bonnet de la liberté

3º de celle que j’ai dessinée, d’hercule enfant

4º de la prise de Stoni-point a M. de fleuri

5º de la medaille de provence a M. Le bailli de Suffren que j’ai dessinée et dirigée

6º de celle que la compagnie des indes hollandoise vient de lui envoyer.

M. Dupré le graveur m’en a montré une avec l’inscription eripuit coelo fulmen etc. J’en ai composé moimême quelques autres que je ferois entrer dans le collection comme projettées seulement.

Sur la réputation de votre bienfaisance et de la protection que vous accordez aux belles-lettres et aux beaux arts, je n’ai point hésité de m’adresser a vous, Monsieur, comme a la seule personne qui, m’éclairant de ses lumieres pourra m’indiquer le mieux les médailles que je ne connois point et me faciliter les moyens de mettre en execution un projet que je crois si intéréssant, que je n’ose le communiquer, de crainte qu’on ne me l’enléve.

Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien me marquer le jour et l’heure ou je pourrai avoir l’honneur de vous voir et de vous parler sur cette affaire.

Je suis avec un profond Respect, Monsieur, Votre très humble et très obeissant serviteur

Gibelin peintre d’
rûe montmartre près la rue des
vieux augustins No. 52
641957 = 042-u634.html