Depuis quelques années que je n’ai eû l’honneur ni de vous voir ni de vous écrire, peut-être m’avez vous perdu de vue. Mr. de Gebelin que la société et les Lettres ont perdu trop tôt m’honoroit de son estime et de son amitié. Il connoissoit mes ouvrages et particulierement Mon Journal d’Education que j’ai fait autrefois par ordre du Gouvernement pour l’institution de notre Monarque. Je tenois pension au College Royal de Boncourt, montagne Ste. Genevieve, maintenant je Dirige une maison d’Education avec le sieur Le coeur chez qui a demeuré monsieur votre petit fils, quand ce maître demeuroit à Passi.

Le Porteur de la presente, du pays de feu Monsieur De Gebelin, est un homme de lettres Suisse, qui est fort éclairé, il venoit à Paris pour y être placé par l’entremise de monsieur de Gebelin mais sa mort prêmaturée et inattendue est cause que ce brave étranger n’est point placé. Vous êtes, Monsieur, l’ami des hommes et surtout le protecteur des citoyens honnêtes et savans, je vous suplie d’honnorer de votre bonté le monsieur qui vous remettra cette Lettre. Il est propre à bien des choses et il peut vous être utile ou à vos connoissances.

J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur, Votre très humble et très obéissant Serviteur