From C. Bedaulx (unpublished)
A Paris, hôtel et Rue du Boulloir Samedi
Monsieur,

C’est par discretion que je ne vais point me présenter chés vous, quelqu’envie que j’aie de vous faire ma réverence et de vous demander votre Protection.

Je suis celui qui a pris la liberté de vous envoier du havre-de-Grace, une lettre dont j’étois chargé par Monsieur Barker de Rotterdam.

Il est survenu à notre depart pour l’Amérique des obstacles qui me causent le plus grand chagrin. Je ne me rebutte point Monsieur. Je me suis dévoüé à la cause de Votre Patrie (dont je voudrois faire la mienne) et je voudrois faire pour elle autre chose que des Voeux inutiles.

J’avois craint d’abord en prenant le parti de me transporter en Amérique, d’être confondu avec une foule de gens qui y alloient parce que ils ne savoient quel autre parti prendre, et qui ne demandoient qu’à gagner de l’argent. Comme un motif plus noble me fait agir Monsieur, il me seroit doux d’être honnoré d’une confiance plus particulière, que j’ose me flatter de mériter.

Le Zèle poura peut-étre suppleer en quelque sorte aux talents qui me manqueroient pour me rendre utile à Votre Patrie, pour laquelle je suis pret a verser tous mon sang, lui demandant en retour quelque consideration et un asile.

Je n’ai garde Monsieur, de mettre quelque prix à mes Services, c’est ce que j’ai deja eu l’honneur de dire à Monsieur Dean. Quoique j’aïe deja dépensé une partie de la petite somme dont je pouvois disposer, en vaines tentatives pour me rendre en Amérique, il me reste cependant encore de quoi m’y transporter si la chose est possible, et c’est pour en savoir les moïens que j’ose prendre la liberté de vous supplier de fixer une heure à laquelle je puisse avoir l’honneur de vous parler, sans me rendre incommode.

Je souhaiterois fort pouvoir arriver avant l’ouverture de la Campagne prochaine afin d’avoir part aux opérations, qui, je n’en doute pas, changeront beaucoup la face des choses.

Je n’abuserai pas plus longtems d’un tems qui vous ost précieux, espérant que Vous aurés la bonté de de [sic] me faire savoir quand je pourrai avoir l’honneur de me presenter à Vous.

J’ai l’honneur d’être avec la plus haute consideration, Monsieur, Votre tres humble et tres obeiss[an]t serviteur

C. Bedaulx

Endorsed: M. Bedaulx 16. Dec. 76.
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