From — Bassi (unpublished)
Paris ce 26 Mai 1784
Excellence

Il y a trois ans que à mon arrivè à Paris j’ai remis à V. E. un’ancienne léttre du Pere Beccaria de Turin par laquelle il essaia de me procurer un protecteur dans le cèlebre M. Franklin. Quelque tems après je me suis donné l’honneur de vous faire parvenir un petit Ouvrage de ma façon, que vous avez agrèe avec cette bonté qui vous caracterise dans toutes vos actions.

La multiplicité de vos affaires m’a empeché de vous faire ma cour, craignant de vous importuner, et ce fut à l’occasion d’une maladie que j’ai essaié, que j’ai osé vous écrire, et vous deignates venir alors à mon secours.

Tachant de tirer parti de mes foibles talens je me suis occupè d’un Ouvrage de longue halaine, dont je vous envoye le Prospectus.

Ma foible constitution m’a realongé dans la maladie, et cette entrave en m’empechant d’achever mon travail m’a reduit à l’extreme de la misere.

C’est de mon lit que j’ècris au philosophe bienfaisant, et c’est dans un moment oû je manque du necessaire que j’implore son secours.

Si la qualité d’homme de léttres malheureux, et d’eleve d’un de vos anciens amis put interesser votre bienfaisance pour me rendre quelque service je prie votre Excellence de remettre au Porteur, que j’envoye exprès, ce que son coeur lui dictera. Des pareilles demandes doivent certainement couter beaucoup à un homme sensible, mais je songe que j’écris au grand Franklin, et cela seul tranquillise mon èsprit. J’ai l’honneur d’ètre avec le plus profond rèspect de Votre Excellence Votre trés-humble et trés-obeissant serviteur

Bassi

Notation: Bassy Paris 26 May 1784.
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