La confience que vous inspire à toutes les personnes qui ont l’honneur de vous connaitre m’enhardit à recourir une seconde fois à vos bontés. Ma reconnoissance ose vous rappeller Monsieur la lettre que vous m’avez fait la grace de m’écrire en datte du 28 Aout 1782, le Sentiment en est profondement gravé dans mon coeur cette lettre a fait Longtems mon espoir et ma consolation; je croÿois voir approcher le jour qui devait mettre un terme à toutes les engoises de ma situation; helas! le sort semble L’emporter sur les demarches plaines de bonté et de commiseration que vous avez daignez faire en ma faveur. Il s’agissait de trouver les moÿens de retracer un epoux qui s’est expatrié pour aller se fixer à boston, vous aviez ut la bonté de vous addresser pour cet effet à Mr. Williams à nantes, et de le charger de correspondre avec moi. Apres huit mois d’attente Mr. Williams m’a fait l’honneur de m’écrire qu’il n’avoit jusqu’à lors rien recu touchant l’existence du nommé Smith mon epoux … Je suis donc sans espoir de ce coté la apres cinq années de souffrances et d’incertitudes. La derniere lettre de mon mari en datte du 24. Avril 1778 me marquait que si après une année révolue je n’apprenois point de ses nouvelle, ce seroit une preuve certaine qu’il auroit cessé de vivre. Quatre années se sont écoulées depuis la revolution de cette fatale année, sans qu’il m’ait été possible de decouvrir si mon epoux est en vie, ou si ajant cessé de vivre, les personnes qu’il avoit rendu depositaires de ses fortunes sont en même au point de remplir ses dernieres volontés. Jugez Monsieur de ma situation; abbandonnée de mon epoux étrangere à ses parens qui se vangent par le cruel delaissement du chagrin que leurs à causé un fils denaturée, je languis sans secours, et sans appuis, je vois s’éloigner chaque jour la faible, et la seule ressource sur laquelle il m’étoit permis dans ma misere de jetter les yeux, mon mari vivant m’avoit promis des de [sic] secours il savoit combien il m’étoient necessaires, la justice la pitié lui faisoient un devoir de m’assister depuis cinq ans je n’ai plus aûcune de ses nouvelles, s’il est mort qu’on me rende son bien il en à disposé en ma faveur, toutes les loix divines et humaines viennent à l’appuis de ma juste réclamation, mais pourquoi vous importuneraisje de mes peines; j’en ai dit asséz pour interesser l’âme du plus grand des hommes, du plus sensible du plus genereux. Comme la multiplicité de vos affaires ne peut que vous avoir fait perdre de vue les details de ma demande, je prends la liberté Monsieur d’en joindre ici la copie telle que j’ai eu l’honneur de vous l’envoier. J’ai l’honneur d’être, Monsieur, Vôtre très-humble et tres-obeissante servante