Je croyois, mon cher amy, vous faire parvenir sur le champ vos livres, et remettre l’envoy des arbres a la fin de l’automne prochain, c’est tout le contraire. Mr. Williams a qui, daprès vostre intention, je me suis addressé, trouve que le temps est des plus favorables, se charge et répond de l’envoy des arbres auxquels j’ay joingt 10 pieds de poiriers crésane, et comme il part pour l’angleterre il m’a dit estre sur de trouver une occasion prompte, il vous envera en même temps toutes les nottes et instructions nécéssaires et ne demande d’argent que lorsque j’aurai reçu avis de vous de la bonne arrivée de tous vos arbres dont il m’assure que le prix et les frais soront très modérés, on ne peut rien de mieux je crois, monsieur Grand vous fait passer la graine de cardons. A l’egard des arbres que vous avez emportés il etoit difficile qu’ils réüssissent, mais mr. Williams dit qu’il ne faut pas que vous les décidiez morts avant l’été prochain, qu’ils pourroient bien faire semblant de l’estre et seulement dormir.
A l’égard des livres: Mr. Manuel que madame Tourton vous avoit recommandé pour cette éspéce de commission, s’estoit chargé de me les procurer, il m’avoit écrit le 1er de ce mois qu’il les avoit présque tous, et il étoit convenu qu’il les enverroit emballés avéc vostre adresse chés mr. Grand. N’ayant point encore reçu hier la notte qu’il devoit m’adddresser, j’ay envoyé chez luy, il etoit a la Bastille dont dieu sait quand il sortira, j’ay conté mon embarras a mr. Didot fils ainé qui m’a promis de m’en tirer le plutost possible; mais il sera trop tard pour le prochain paquebot. Voyez, s’ils avoient attendu seulement deux jours, vous auriez vos livres; je suis pourtant bien faché de l’avanture de ce pauvre monsieur Manuel.
Embrassez pour moy je vous prie monsieur Benjamin et monsieur Williams dont vous ne me donnez aucune nouvelle et soyez bien sur de mon inviolable amitié