Soit AB un Segment de la lame de verre qui forme le ventre de la bouteille de Leyde, i h s r une portion de la garniture intérieure, c d g f, une portion de la garniture extérieure, OP une chaine qui communique avec des corps non isolés, MN une partie du conducteur qui fournit à la bouteille le fluide que nous Supposerons positif à mesure que ce fluide Se répandra Sur la surface h s, Son action décomposera le fluide naturel situé dans la portion c d g f de la garniture, ensorte que le fluide positif qui fait partie de ce fluide naturel repoussé par le fluide positif qui arrive à la Surface h s S’echappera le long de la chaine OP et Se perdra Sur les corps contigus à cette chaine.
Quant au fluide négatif faisant partie du fluide naturel de d g, il Sera retenu Sur cette surface par l’attraction du fluide positif accumulé sur h s et il contribuera à Son tour à maintenir le même fluide le long de h s, par l’attraction qu’il exercera Sur lui.
Il Suit de là que la force répulsive mutuelle des molécules du fluide négatif Situé Sur d g Sera vaincue toute entiere par l’attraction du fluide positif Sur h s; car Si elle ne l’étoit pas, une partie du fluide négatif S’échapperait à la faveur de la chaine OP.
Mais l’inverse n’a pas lieu, c’est à dire que la force répulsive mutuelle des molécules du fluide positif accumulé Sur h s, ne Sera pas vaincue toute entiere par l’attraction du fluide négatif de h s; car cette force répulsive doit être telle, qu’elle empêche le fluide positif qui S’échappe de d g, de ceder à l’attraction du fluide négatif qui tend à le retenir; et comme la force répulsive dont il S’agit de plus loin Sur le fluide qui S’échappe de d g, il faut bien que considérée en elle même elle l’emporte; c’est à dire que la quantité de fluide positif accumulé Sur h s Sera toujours plus grande que la quantité de fluide négatif Situé Sur d g, ensorte qu’il y aura une partie de la force repulsive mutuelle des molécules du premier fluide, qui ne Sera point balancée par la force attractive des molécules du Second fluide. Mais l’air qui environne la Surface i h s r faisant obstacle à la dissipation du fluide, qui ne peut S’échapper d’ailleurs, la partie qui Sera en excès de ce côté Sera maintenue par la résistance du même air
Tant que l’on continuera de charger positivement la Surface h s, l’autre Surface d g deviendra de plus en plus négative, et par une Suite nécessaire, l’attraction de cette Surface favorisera d’autant plus l’accumulation du fluide positif le long de h s; mais en même tems cette attraction agissant aussi plus fortement Sur le fluide positif, qui tend à S’échapper par la chaine OP S’opposera d’avantage à la répulsion du fluide positif de h s Sur celui de d g; et quand cette répulsion Sera parvenue à sa limite la lame AB Se trouvera chargée jusqu’au point de saturation, ensorte que Si l’on continue d’électriser le conducteur MN, toute la portion du fluide qui n’excedera la quantité nécessaire pour balancer la résistance de l’air environnant, S’échappera continuellement de la Surface h s.
Les choses étant dans cet état, supposons qu’ayant Séparé la Surface d g de la chaine OP j’applique un doigt sur un point quelconque de cette Surface. Il n’arrivera rien de nouveau en vertu de cette application, puisque le fluide Situé au point de contact Sera autant attiré par la Surface négative d g que repoussé par la Surface positive h s. D’où il suit que l’équilibre Subsistera à l’endroit du contact. Supposons qu’au contraire j’applique le doigt Sur un point de la Surface h s. Comme les molécules du fluide accumulé Sur cette Surface exercent les unes sur les autres un reste de force répulsive, qui n’est balancé que par la résistance de l’air, la portion de ce fluide proportionnelle à ce reste de force répulsive décomposera le fluide naturel de mon doigt, de maniere que le fluide positif faisant partie de ce fluide naturel Sera chassé en arriere, et que le fluide négatif attiré en avant S’unira avec l’excès du fluide positif de h s et le neutralisera. L’équilibre alors Se trouvera établi le long de la Surface h s mais il Sera rompu le long de la Surface d g. parceque la portion de fluide négatif qui y était retenue par la force attractive des molécules Sorties de h s. ne le Sera plus que par la resistance de l’air environnant. donc Si je reporte mon doigt Sur la Surface d g, cette portion de fluide Sera employée d’abord à décomposer le fluide naturel de ce doigt et ensuite à en neutraliser la partie positive. Il en résultera une nouvelle perturbation d’équilibre le long de la surface h s, et l’on conçoit qu’en appliquant alternativement le doigt Sur les deux Surfaces, je parviendrai à décharger la bouteille par degrés, de maniere que ses deux fluides, tant le positif que le négatif, Se trouveront à la fin entierement neutralisés par ceux qui proviendront de la décomposition du fluide naturel de mon doigt. Cette décharge progressive de la bouteille deviendra Sensible par une petite étincelle que l’on verra Sortir de la garniture, chaque fois qu’on en approchera le doigt, Sans qu’il Soit possible d’en tirer deux de Suite du même côté, parceque l’équilibre étant rétabli par la premiere, il ne peut être rompu de nouveau qu’à l’aide d’une Seconde étincelle tirée du côté opposé.
Maintenant Si aulieu de procéder ainsi par des dégrés alternatifs, j’applique en même tems un des doigts de la main droite Sur la Surface d g et un doigt de la main gauche Sur la Surface h s., tous les effets qui Se Succedaient dans la premiere maniere d’opérer auront lieu à la fois; ensorte qu’il y aura 1o. decomposition rapide du fluide naturel de chaque doigt, 2o. combinaison du fluide positif du doigt appliqué Sur d g avec tout le fluide négatif accumulé dans cette partie de la garniture; 3o. combinaison du fluide négatif du doigt appliqué Sur h s avec le fluide positif accumulé dans cette autre portion de la garniture; 4o. combinaison du fluide négatif du premier doigt qui a été repoussé dans l’intervalle entre les deux doigts, avec le fluide positif fourni par le Second doigt et chassé en Sens contraire par la répulsion du fluide de h s. C’est à ces effets, qui ont lieu avec une grande énergie, en vertu de l’abondance et des actions presqu’instantannées, des fluides qui les produisent, qu’est due en général la commotion que ressentent ceux qui font l’expérience de la bouteille de Leyde [An illustration of the Leyden jar, with all parts lettered, follows.]