J’ai reçu avec La Lettre que vous m’avéz fait l’honneur de m’ecrire le 25. fevrier dernier plusieurs pieces rélatives au navire françois L’aimable Elizabeth, lesqu’elles j’ai confrontées avec le procés verbal où certificat de visite que fit à ce navire le Capitaine Jhwell avec Son Etat Major lorsqu’ils le rencontrerent en mer, et dont j’ai l’honneur de vous remettre cy Joint un Extrait avec une lettre que Messieurs Terrasson freres Neg[ocian]ts a Philadelphie m’ont ecrit à ce sujet le 10. août dernier en m’addressant la Lettre que le dit Jhwell leur ecrivit le 12. Janvier de la même année dont ci-joint aussi une copie; le certificat mentionné dans la lettre des sieurs Terrasson est le même que le No. 2. des Pieces que vous avez consernant cette affaire, laquelle je vois qu’il est nécéssaire que vous connoissiéz parfaittement; presumant que M. Barclay ne vous aura envoyé que les Procés Verbaux que firent les capitaines françois et americains à leur arrivée à l’Orient. Par toutes ces pieces il parroitroit que le Juge de St. Jean de Terreneuve auroit peut etre saisi avec raison le dit Navire et Chargement, car elles renferment bien des Contradictions dont vous vous apperceveréz, Monseigneur, si vous voulez avoir la bonté de balancer tous les Verbaux avec les pieces que vous m’avéz fait la grace de m’envoyer et dont je vous serai reconnoissant toute ma vie: ainsi que ma famille à qui cet Evenément mal’heureux à enlevé une honnête aisance; mais je suis encore heureux d’avoir quelques puissants amis et de trouver en Vous un Protecteur dont la binffaisance est généralement connue.
Je recevrai aussi bientôt des Pieces de Terreneuve directement à ce sujet, qu’un des Ministres de la Cour de france à demandé pour moi officiellement au Ministere Britannique en m’assurant par deux de ses Lettres qu’il ne m’oublioit pas, lorsque ce Seigneur me les envera je vous prie de me permettre de Vous les communiquer, avec elles il sera plus facile de découvrir le veritable resultat de tout ce qui s’est passé.
J’ai intenté un Procès au Capitaine et à l’armateur de L’aimable Elizabeth, conjointement avec un autre chargeur pour leur demander compte de nos marchandises et raison des faita mentionnés dans les Pieces que vous m’avéz fait l’honneur de m’envoyer.
J’ai fait aussi plusieurs recherches et Questions aux gens que j’ai pû rencontrer du Navire françois, consernant le sauvetage qu’ils avoient faite de la cargaison abord du Navire americain, ils m’ont assuré qu’ils n’avoient sauvés que leurs sacs et quelques objets de leurs Pacotilles, mais que l’Equipage de la Nancy avoit au contraire pris bien des choses, comme beaucoup de Vivres; et de la cargaison plusieurs caisses de Vin en Bouteilles, soiries, fleurs et Panaches, Rubans et Toiles dont même chacun d’Eux cetoit fait un hamac et une culote longue, j’au encore découvert dans une Maison de cette Ville que les americains avoient vendus de mes soiries, mais n’y eux n’y les françois ne nous en ont Tenus aucun Compte. Il est d’ailleurs naturel que les Americains disposassent de ce qu’il leur avoit été bien où mal abandonné.
Je me borne à poursuivre le Capitaine françois et son armateur. Je vous prie, Monseigneur, de ne pas me délaisser dans cette affaire et d’avoir la bonté de me continuer vos sécours en faisant demander au Capitaine americain la quantité et qualité des Marchandises sauvées par les françois. Il est vraisemblable qu’il vous dira mieux qu’a personne et qu’a M. de Marbois ce qui a été enlevé de notre cargaison par l’Equipage françois et ce qui restoit dans le dit Navire lorsque Jean Justice s’en est emparé et la conduit à Terreneuve; puisque le sr. Jhwell n’en a voulu rien dire à mes correspondants ce qui me servira à la suite de ce Procès qu’il me tarde beaucoup de faire juger vû les retards ruineux que ce malheureux accident m’occasione.
Je suis avec Respect Monseigneur Votre trés humble et trés obeissant serviteur