Lorsque nous annonçames notre édition in-8º. de l’Encyclopédie, nous parlâmes aussi d’y joindre un Supplément, pour les nouvelles découvertes dans les Sciences & dans les Arts. Ce Supplement n’a point encore été exécuté, parce que nous craignîmes de faire une entreprise dispendieuse, & dont le succés seroit incertain: car l’ouvrage alors inconnu, d’Auteurs peu connus, n’étoit pas propre à s’attirer la confiance.
Aujourd’hui nous venons en proposer un, fait par des hommes connus, & déja célebres dans la Science qu’ils ont traitée, & dont les articles sont en grande partie sous les yeux du public, qui en juge, & par conséquent, ne peut être trompé. Ce Supplément sera un choix des articles les plus essentiels, pris dans la nouvelle Encyclopédie par ordre des Matieres, & qui manquent aux différentes éditions de l’Encyclopédie par ordre alphabétique.
Notre entreprise sera sans doute agréable, elle sera utile à la plupart de ceux qui ont acquis la premiere Encyclopédie, sous quel format que ce puisse être. Il est fâcheux pour qui n’a pas une grande fortune, de se l’être procurée avec effort, pour la voir, deux ou trois années après, renversée de son trône, occupé par une nouvelle.
Notre projet supplée à ses défauts, & la rend à-peu-près aussi utile que la nouvelle Encyclopédie, &, comme on le verra, à des frais très-modiques.
On a trop élevé autrefois la premiere: on la rabaisse trop aujourd’hui. On sent que, pour les nouveaux éditeurs, l’ouvrage vendu doit paroitre bien inférieur à l’ouvrage à vendre. Mais ceux qui ont acheté le premier, n’ont pas d’intérêt à le voir sous le même point de vue.
L’Encyclopédie alphabétique est imparfaite sans doute: plusieurs articles ont des erreurs, & quelques-unes des sciences qu’on y enseigne, se sont perfectionnées depuis son impression. C’est à cette imperfection que nous allons remédier; car elle n’est pas telle que l’ouvrage, pour cela, doive être mis au rebut. L’intervalle de temps qui s’est écoulé entr’elle & celle qui lui succede, n’est pas assez grand pour que ce qui fut utile alors ait cessé de l’être aujourd’hui, pour que les Sciences se soient assez étendues & perfectionnées jusqu’à changer de face.
En vain, dira-t-on, que, dans le premier plan, les matieres sont trop coupées. Elles le sont de même dans le second, puisque c’est aussi un Dictionnaire. On dira que l’ordre ancien facilite des doubles emplois; mais le nouvel ordre n’y remédie pas. On peut y traiter sous un mot, ce qu’on peut encore traiter sous un autre; & de plus, le même mot pouvant appartenir à des sciences voisines, comme la Morale & la Politique; la Physique, la Chymie & la Médecine, le même objet peut être traité dans les différens Dictionnaires de ces sciences, parce que leurs limites respectives sont mal déterminées, ou qu’elles se confondent.
Mais quoi qu’il en soit du mérite de l’Encyclopédie méthodique, il n’en est pas moins vrai que notre Supplément devient nécessaire à ceux qui ne peuvent pas facilement acquérir cette seconde. Au moyen de ce Supplément, ils pourront la consulter, avec la même utilité. Voici le plan qu’on se propose de suivre pour qu’il soit ce qu’il doit être, sans être trop volumineux.
Lorsque l’Histoire de chaque Science, qui sera placée à la tête des Dictionnaires qui en traitent dans l’Encyclopédie méthodique, ne se trouvera pas dans l’Encyclopédie alphabétique, nous les mettrons dans le Supplément. Si elle se trouve dans l’une & dans l’autre, nous nous bornerons à placer dans le Supplément les faits essentiels & intéressans, que la seconde auroit de plus que la premiere. Il en sera de même des autres articles généraux. Mais pour tous les articles particuliers, nous ne mettrons dans le Supplément que ceux qui seront nouveaux.
Si nous y mettions tous les articles traités dans un nouvel ordre, nous pourrions nous étendre au-delà des bornes que l’intérêt des particuliers doit nous prescrire. Les détails de ces articles, sans améliorer intrinsquement le fond, peut devenir immense dans diverses sciences: dans l’Anatomie, l’Histoire Naturelle, la Chymie, l’Histoire, la Géographie, &c. Il faut nécessairement se borner aux seuls articles utiles, à ceux qu’il importe de connoître.
Par exemple, dans cette derniere Science (la Géographie) les nouveaux Editeurs nous disent, que la Nomenclature de la premiere Encyclopédie est très-incomplette, & que, dans les trente premieres pages, ils ont suppléé quarante-deux articles: il auroit vraisemblablement été facile d’en supléer un plus grand nombre encore, en y mettant des lieux peu dignes d’être connus, & inutiles à connoître. Il faudra nécessairement faire un choix, & il sera fait avec sévérité, par des hommes instruits dans chacune des parties donts ils se sont chargés. On sera sobre sur l’Histoire sacrée & prophane, que chacun peut étendre à son gré; sur la Métaphysique, qu’il faut craindre quand on la creuse trop; sur l’Histoire Naturelle même. Quelque intéressante que soit la Science, il faut savoir se circonscrire.
Quant aux articles faux ou remplis d’erreurs dans l’ancienne Encyclopédie, nous les indiquerons, afin qu’on s’en défie, & nous ajouterons au Supplément ceux qui les rectifient, lorsqu’ils en vaudront la peine.
Nous imprimerons ce Supplément dans les trois formats; in-folio, in-4º. & in-8º., afin qu’il puisse servir aux différentes éditions, de Paris, de Luques, de Geneve, d’Yverdon, de Berne & de Lausanne; & en mettant du goût & de la sobriété dans le choix, nous pensons qu’il pourra se réduire à environ huit volumes in-4º. & in-8º. & quatre volumes in-folio, mêmes caracteres & papier que les éditions qu’il complettera.
Et comme ce Supplément n’est pas destiné aux hommes riches, pour qui la double emplette d’un livre est une perte insensible; mais à ceux qui ne sont qu’aisés, nous le mettrons à un prix très-modique. Les volumes seront tous, l’un compensant l’autre, de 800 pages chacun: l’in-folio de 200 feuilles, coûtera 20 livres; l’in-4º. de 100 feuilles 10, & l’in-8º. de 50 feuilles, cinq livres; le tout argent de France.
Ce Supplément rendra probablement nécessaire un volume de planches. Si on ne peut s’en passer, on le fera; mais alors les souscripteurs auront la liberté de ne souscrire que pour le Supplément s’ils ne desirent pas les planches.
L’exécution de cette utile entreprise se fera par livraisons, dont chacune sera d’un vol. in-folio, & de deux vol. in-4º. & in-8º. ce qui sera déduit sur la derniere livraison, pour laquelle on ne payera que 8 liv. pour chacun des deux premiers formats, & 4 liv. pour le troisieme, argent de France.
On souscrit chez les trois maisons associées,