Saint-Malo, Le 7e.[-11] fevr. 1778.
Les négociants ne peuvent se procurer que difficilement des
Matelots à raison des Levées que l’on en fait et qui passent tout de
suite à brest: on en prepare d’autres pour armer les neuf frégates
qui sont ici, au moyen de quoi il sera bien difficile d’armer pour
terre neuve.
Une Lettre de Londres dit que notre embassadeur a envoyé
chercher un capitaine de Vaisseau de Nantes et qu’il Lui a ordonné
de rassembler tous les françois et de mettre sur Le champ à la
voile.
Le régiment de normandie a recu ordre aujourd’hui de se
rendre a Brest. Il sera remplacé par celui de Lorraine.
Tous les officiers de Marine qui étoient ici par congé ont reçu
des ordres pour se rendre à Brest. Ils ne Descendent de Voiture
que pour entrer dans des Vaisseaux.
Un navire de ce port d’environ 300 Tonneaux doit partir
au plus tard à la fin de ce mois, pour la nouvelle angleterre.
Extrait d’une Lettre d’un Cape. de Vaisseau qui est à paris,
en date du 11e. fevr.
Il paroit que La Levée de Matelots qui vient d’être faite ne
restera pas oisive. On ajoute aux Vaisseaux deja armés Le
Magnifique de 74 canon, Le bien aimé de 74, Le Dauphin Royal
de 70. Les Capitaines n’en sont pas encore nommés, mais on
croit qu’ils seront montés par Mrs. de Bougainville, Dorves [??]
et Beaussier. Ces trois Batiments joints à ceux de Mr. de La
Motte-piquet, à ceux qui sont en rade et aux Deux qui Viennent
de Rochefort formeront Une escadre de Vingt Vaisseaux de Ligne
et ces forces confiées à de Bonnes mains pourront seules faire
repentir les anglois de leurs insolences, empêcher La Reunion des
Leurs et l’entrée de Leurs Vaisseaux de commerce. Dieu veuille
qu’on prenne un parti nerveux et digne d’une nation Brave et
Vigoureuse.
Une frégate du Roi Venant de Saint-Domingue commandée
par Me. de L’arc-chantel est entrée à Brest. On ignore les
nouvelles qu’il a rapportées.
Mr. de La Motte-piquet est toujours a Guiberon.
En général tous les officiers bien portants ont ordre de se
rendre à Brest et à Toulon ./.