Depuis la Suisse oû je demeurois, j’eus l’honneur d’envoier à Vôtre Excellence, la copie d’un manuscrit sur l’indépendance du Nord de l’Amerique: au commencement de cette mémorable levée de boucliers, j’en avois déja envoié des Copies à la Cour de France et notamment à feu Mr. Le Comte de Maurepas, Mr. Le Comte de Vergennes Mr. Necker etc.
On avoit eu soin dans ce tems la, de leurer le public, en voulant lui persuader que cette indépendance, seroit d’un mauvais exemple pour les autres Colonies, et surtout pour celles de la Monarchie Espagnole. Ce manuscrit dont je ne crains pas à présent de me nommer l’Autheur, non seulement prouvoit le contraire, mais demontroit aussi, que c’etoit le vrai intérêt de toutes les Puissances qui avoient des possessions en Amerique, de favoriser l’indépendance des treize Provinces unies.
Il a plut enfin à la Divine Providence de benir vos genereux efforts; l’Empire Ameriquain est au comble de sa gloire: Dieu veuille le regarder toujours d’un oeuil favorable et le faire prosperer à jamais.
Forcé de quitter Genève ma Patrie, je suis revenu à Londres, où cy devant, j’avois demeuré pendant nombre d’années. S’il plaise au Congrès, de ranimer par un de ses rayons, un homme marié de soixante ans, il feroit sans cesse des voeux au Ciel pour la Majesté du nouvel Empire, et pour le bonheur de Vôtre Excellence en particulier.
Je suis avec respect, Monsieur, De Vôtre Excellence Le très humble et très obeissant serviteur