Veuillés bien recevoir avec votre bonté ordinaire un petit ouvrage en faveur de votre illustre et chère patrie, dont vous êtes à la fois l’ornement et l’appui. Tout ce qui la concerne vous touche sensiblement: c’est ce motif qui m’engage a vous présenter un essai de ma plume au defaut des efforts de mon bras trop foible aujourdhui pour soutenir la juste cause que vous deffendés avec tant de succés.
Le zèle Monseigneur tient souvent lieu de talent, et devient un moyen pour franchir les difficultés et rapprocher les distances ainsi que le mérite superieur qui caractérise votre Excellence perce au loin chés l’etranger, force tous les coeurs, et les reduit a des hommages d’autant plus glorieux qu’ils sont plus libres et volontaires: c’est une émanation des sublimes qualités de votre ame: elles ont droit sur L’admiration publique, elles l’entrainent nécessairement par une attraction aussi naturelle que celle de l’aiman a l’aspect de l’acier au point et risque de vous fatiguer du poids de votre propre gloire.
Pardonnés ici Monseigneur un pareil effet en considération d’une si belle cause.
Excusés je vous supplie la double temerité de mon entreprise, surtout celle d’interrompre pendant quelques momens des fonctions si précieuses a tant de peuples pour y substitüer les idées d’un particulier éloigné de vos yeux et qui vous est inconnu. Daignés Monseigneur faire attention que je n’ai pu les contenir ni dû les supprimer, puisqu’elles sont nées sous les ailes de votre renommée qui les excita dans mon cerveau.
C’est le portrait de votre grand géneral Vassingthon si reveré dans l’europe et qui egale en valeur les plus fameux dictateurs de l’ancienne Rome. C’est l’image d’une république qui dès son aurore surpasse presque toutes celles qui ont existé soit par la pureté de son origine, soit par l’equité de ses loix uniques, et par le nombre des héros Monseigneur qu’elle a produits dans son sein fertile, egalement invincible par la nature de ses forces et par la reünion des coeurs tendant tous sous un même esprit au même but: qui porte déja si haut la science de la guerre et de la marine, au grand préjudice de ceux qui etoient en possession de s’en attribuer la préeminence et l’empire.
Vous verres de plus ce que la justice et la verité m’ont dicté sur votre illustre personne; pardonnez Monseigneur si j’ai osé toucher a vos Lauriers immortels, honneur qui doit être reservé a la plus scavante des mains qui se joignent affectüeusement a la votre ces jours derniers dans la cour du vieux Louvre.
C’est moins encore une production d’esprit qu’une effusion d’un coeur que vous avés echauffé a votre insçû: rien de tout ce qui se ressent de votre influence ne scauroit marcher sous des auspices douteux: tout ce qui part de vos oeuvres de près ou de loin ne scauroit être que fortuné. C’est a ce titre que les miennes quelques debiles qu’elles puissent être, fondent leur assurance comme devant légitimement vous appartenir. C’est sous ce point de vûe que je vous supplie de les recevoir, du moins selon la verité la mieux avoüée et la plus certaine comme un tribut du zèle ardent, et de la profonde véneration avec quoi j’ai l’honneur d’être, Monseigneur, de votre Excellence le tres humble et tres obeissant serviteur