Il y a aujourdhuy un an que je me crus appellé par des motifs puisés dans le plus pur intérêt de l’humanité à vous offrir, Monsieur, la dédicace de mes importantes découvertes, Sur le méchanisme de la nature, et Sur l’agriculture en particulier; esperant que Votre Excellence, daignerait les Soumettre à l’examen de Ses lumières Supérieures lorsque Ses hautes occupations le lui permettraient ou le faire mettre à l’épreuve par l’académie de Massacussets, comme contenant (à mon avis,) les Seuls vrais principes de la culture, et généralement de toute éducation physique...au point même de servir de clef à tous les développemens moraux d’une empreinte de nature quelconque...qui par mes méthodes Se verrait désormais dégagées de toutes obsessions Insectulaires, et rendue à Sa liberté naturelle. Quelle occasion que celle de la Renaissance de l’amérique, Sous les loix d’une vertueuse liberté, pour produire une doctrine qui n’annonce que Restauration d’origines; et quoi de plus naturel qu’elle parut Sous le Nous auspiciaire du Mentor Américain dont la Sage influence à tant contribué à amener et consommer cette grande Révolution! En effet, Monsieur, Votre Excellence, ne vient elle pas de Signer le Traité provisionel d’une Paix qui assurera à toujours à Sa Nation les droits à l’Indépendance, que vous avés Si habilement et Si héroïquement soutenus. Ce n’est point à moi à faire le panégyrique d’un Succés aussi glorieux, et qui va ajouter l’immortalité à la célébrité des Services que vous avés rendus à l’humanité: mais permettés, Monsieur, qu’à cette occasion, je rappelle encore ici à Votre Excellence, la félicitation que je pris la liberté de lui adresser dans la même Epoque du nouvel an 1782. Sur la Consignation de l’indépendance Américaine que je prévoyais dès lors devoir S’effectuer, avant la fin de cette année à jamais mémorable: et Souffrés que cette même félicitation, j’aïe l’honneur de vous la réiterer dans cette circonstance avec une protestation plus Solennelle encore de mon respect et de ma vénération.
C’est avec le même Succès qu’après l’invasion de New-yorck et durant les formidables préparatifs du Général Burgoine: j’osai écrire à Son Excellence le Vicomte de Stormont une représentation assés pathetique, Sur le peu de fruit à attendre de cette Guerre anti-patriotique, et Sur le bonheur et la gloire incomparable qui illustreraient à jamais le Nom Breton, Si les deux Nations Se ralliaient par leurs intérêts communs et une confiance mutuelle: Sur quoi je me prévalais de mes découvertes en physique jusqu’à m’en hardir à promettre en vuë de cette réunion un moyen tout à fait original et que je crois (après de longues et profondes réfléxions) immanquable de respirer avec autant d’aisance et d’agir à certains égards avec plus d’énergie encore sous les Eaux que sur la terre: et en vertu duquel expédient, je garantirais non Seulement le rapperchement des Vaisseaux et effets Submergés jusqu’ici, mais des Pêches de Poisson et autres animaux marins qui ne discontinueraient de jour ni de nuit...par des flambeaux que j’aurais l’art de faire briller jusques dans les plus profonds abîmes, mais encore d’enrichir le genre humain de toutes les richesses inépuisables de l’Empire sous marin: Empire que j’invite à l’envi, ces deux Peuples marines à conqúerir; tant pour Satisfaire a fond la plus louable de toutes les ambitions que pour Se rapprocher (de Si loin) par des lieus que la Seule Nation Bretonne était alors en état de former; ainsi au lieu de courir les dangers d’une Mer immense voragineuse, et avide de nos débris cadavereux pour aller S’entredéchirer, et ne remporter de Ses victoires mêmes que des misères et des regrets irrémédiables; je conjurais l’un et l’autre peuple à envahir châcun de Son côté l’Empire écumant et toujours en courroux, qui les Séparent et vient heurtez et menacer jusqu’à leurs domiciles; en y entrant de plein pied, et le Subjuguant par des forces encore inconnue jusqu’à ce que se recontrant Sur des flots vaincus et Soumis chargés des dépouilles d’un monde jusqu’ici insondable et inaccessible...il ne leur restat plur pour éterniser la gloire de leurs Exploits maritimes, qu’à faire part à tous les peuples d’un domaine qui devait remplir tous leurs besoins et Souhaits, et devenir le gage d’une paix éternelle entreux. Jamais rien de plus romanesque en apparence que ce plan : mais jusqu’ou ne S’étend par l’ascendant d’une physique ramenée à Ses principes? Et avec le pouvoir d’agir Sous les Eaux...que ne peut point l’homme? Aussi ma lettre ne tomba t’elle point dans le mépris. L’on Se rappelle une circonstance ou le Vicomte expédia deux Courriers dans une heure: Sans rien appliquer là, je Sais à n’en pouvoir douter que mon humble et Sincère représentation fut aussitôt luë au lever du Roy par le célèbre Mansfield Neveu de l’Ambassadeur: Sur quoi l’on adressa dans les papiers publics une invitation au Jurius Secundus de continuer à écrire Sur le ton du Jurius prior...qui dans les derniéres guerres d’Allemagne avait attiré l’attention de l’Europe entiére: à quoi Sa Majesté ajouta la promesse de mille livres Sterling à partager entre des Savans qui rendraient d’importans Services à l’Etat. J’apprends qu’un bas Officier dans le Militaire, en à tout nouvellement remporté le prix d’une pension par le perfectionnement d’un Télescope au moyen duquel on à découvert une nouvelle Planette: mais l’Amérique eût mieux valu à l’Angleterre que cet astre errant dans les Cieux: pour moi; voyant que la guerre continuait en dépit du bon Sens, je crus mon petit rôle fini et cessai d’écrire, cependant je tenais une Seconde lettre toute prète en cas de réponse directe: et je puis dire que cette petite piéce avec la précédente, forme par la Singularité de la matiére, autant que par celle des circonstances, une anecdote assés piquante et qui ne Serait pas indigne, Monsieur, de la curiosité de Votre Excellence: quoiqu’il en Soit l’Evénement vient de prouver que je ne m’êtais point trompé dans l’augure défavorable que j’avais présagé aux armes Britanniques.
Sans faire le Prophète...je tiens plus de la Philosophie que de la Prophètié:) me Serait-il permis de me prévaloir encore de l’audience que vous daignés m’accorder, Monsieur, pour réfléchir un peu Sur les Suites tracassiéres qu’aménent ordinairement chez des Peuples Républicain une paix et une Sécurité profonde après S’être familiarisés avec le bruit des armes? L’on connait l’Esprit d’inquiétude qui restait aux Républiques de la Grèce dès quelles avaient quitté le Bouclier; et l’on sait que le grand moyen qu’employait le Sénat Romain pour prévenir les remuemens du peuple; c’était de le distraire par de nouvelles guerres. Mais la politique que l’on prête á la Cour d’Auguste, lorsque pour affermir une longue paix, elle arma la verve douce et amusante de Virgile pour faire chanter aux fiers Soldats désarmés les douceurs champêtres des campagnes arrosées de l’Eridan, qui leur avaient été distribuées; paraitrais ici bien plus en place sans doute, S’il n’était pas beaucoup plus important de ramener des Milices naturellemens agricoles à des Géorgiques ou elles puissent trouver une occupation plus attachante encore que celles que décrivait le Poëte. Je penserai la dessus, Monsieur, que mes Cultures une fois examinées et connuës Seraient peut être ce qu’il y aurait de plus propre à familiariser peu à peu l’Esprit de vos Colons avec des idées philosophiques dignes de leur caractère, et cela par le double attrait de l’amusement le plus déliciuex et d’un profit toûjours aussi certain que progressif à raison des nouvelles lumiéres que l’on acquerrais de maniére que la curiosité de S’instruire toujours ultérieurement Se trouvant Stimulée par des progrès toujours plus lucratif; il Se formerait de là une double chaine également captivante pour les facultés du corps et de l’Esprit, et la Seule capable d’enchainer des ames libres. Vue istruction laborieuse qui nourrit les plus vives espérances, et un bien-être qui Satisfait Successivement tous les desirs, en dévoilant le plan d’un bonheur tuojours ultérieur...Voilà tout ce que je puis dire ici en gros Sur la nouvelle et Sublime économie domestique que je propose, et que l’on verra bientôt dès les premiers essais, être la base de toute Sagesse: ainsi que de toute Institution physique et morale; politique et religieuse. C’est le meilleur garant de la réligion et des moeurs, des loix et du gouvernement, de même que des privilèges inviolables de l’humanité ou en développant les intentions et les vuës de la nature, dans Ses richesses toujours renaissantes et toûjours réinstructives...nous n’avons pas besoin (au fond) d’autres éclaircissemens ni d’autres moyens de félicité. Laissons faire la nature...elle nous dirigera: elle nous conduira ou il faut. Mais ne cessons de rétablir les caractères altérés (purnos fautres culturer:) et de déchiffrer toûjours plus profondément le Sens de Son Texte Sacré, en le conférant avec celui des livres Saints pour qu’il S’expliquent enfin autant qu’il Se peut l’un par l’autre, et nous nous trouverons enfin au centre de la lumiére. Dédaignant de dédier mon ouvrage Sur une telle doctrine* [inserted from below: *c’et ouvrage déja fort avancé était intitulé: le texte de la Nature rétabli &a Mr l’Ambassadeur avait promis de me répondre &a &a] à tout autre de mer contemporain (excepté mon gracieux Souverain) qu’au grand Franklin; j’ai cessé (comme j’ai fait à l’égard de l’art d’agir Sous les Eaux:) d’y travailler jusqu’à ce que Ses grandes Affaires lui ayent permis de me demander au moins Sur quels faits de nature; Sur quelle expérience, Sur quelle certitude: enfin j’ose avancer des choses aussi extraordinaires? Sans doute que la chose vaut bien la question. Alors que n’aurais je point à dire! Il me Suffit pour ne point attédier Votre Excellence, de la Suplier de croire que mes découvertes, quoique peu nombreuses Sont fondées Sur des faits (ou expériences certiorées) d’une Simplicité Si élémentaire pour en approfondir la nature. Il faut du tems: et que leurs effets ou fruits resultats Sont d’une telle richesse, que pour en développer l’immensité, il faut un tems plus considérable encore: d’où il Suit que pour abbreger le plus court serait de m’adresser des questions Séparées Sur tous les objets d’utilité réelle et vraiment profitable que l’on jugerait de premiére nécessité dans le cas présent: et n’importe Sur quel Elément, Matiére ou art de Nature, roulent ces demandes. Je n’en aurais pas moins l’espérance presque certaine de dévoiler Sur châque point des principes absurdes dont on ne Se doute pas dans les routines ordinaires et même d’établir des Théories auxquelles il n’est guére possible de résister, Surtout Si elles dépendent directement de mes principes avérés et qui ont pour premier objet, la végétation tant des Terres, que des plantes et des animaux; leurs déploïemens ultérieurs, et leur conservation Saine et longévique. Que l’on ne Se fasse donc pas peine de m’interroger Sur des terroirs épuisés à rétablir à demeure, ainsi que Sur des terreins a déffricher et à fertiliser de même, Sans labour; moyennant que l’on Suive mes directions; les pénibles travaux de l’Esclave et des bêtes de somme devant être proscrits ou très adoucis Sur des marécages à étancher et à Seconder pour les plus précieuses productions, Sur l’art absolument inconnu de faire de vrais bumens fermenté; et Sur celui non moins important de nourrir les plantes par le feuillage, plustôt que par les racines: Sur les vraïs méthodes de Semer, planter, moissonner ou récolter, et entrautres les foins...Sans les Sécher, ni évaporer Sous le Soleil, ni les altérer Sous les pluies...Sur les maniéres les plus expéditives de canaler les riviéres pour les communications du commerce et la navigation interne, tous en pourvoyant au prompt écoulement des eaux diluviales, procurant presque partout des Irrigations...beaucoup plus fécondante, qu’à l’ordinaire et en même tems des emplacemens fréquens et peu couteux pour des moulins, Scies, battoirs et autres engins à fabriquer et manufacturer: Sur des pratiques particuliéres pour épurer les Minerais, et affiner les Métaux par la Simple fonte, et de maniére que leurs parties alcalines et bultamiques, n’étant ni altérées, ni évaporées...Ils acquierrent à tous égards des qualités Supérieures, et ainsi des propriétés beaucoup plus parfaites à communiquer aux fruits des végétaux et aux produits des bestiaux: au poisson et autres animaux aquatiques à boucaner ...par une nouvelle invention très avantageuse, de même qu’aux bois forestiers, à durcir et élastiser par des procédés non usités encore, ce qui fournirait en même tems le moyen d’en extraire très artistement les Sèves pour d’excellens usages et de les exsicquer de façon qu’il ne leur restat plus de Sucs propres à les tourmenter, à les vermouler, non plus qu’à incommoder par leurs fumées: devant devenir presque incorruptibles, comme nos Métaux, Si mes expédiens Sont bien Saisis et perfectionnés. C’est par des pratiques également Simples et ignorées que je me flatte d’avoir trouvé l’art précieux de Se pourvoir très abondamment de bonnes Toiles d’Orties qui Serviraient à tout usage et particuliérement à la Marine. J’ai aussi inventé un Cabinet Végétique de peu dappareil, mais d’une énergie à déployer toutes les forces Végétales...par le moyen tout Simple d’un certain Tube, dont le calibre, les formes et la position, compose tout le Secrèt aussi riche que mystérieux, et au moyen duquel j’espere que l’on ferait prospérer presque en tous lieux les productions des climats étrangers. Mais Sans récourir à ce riche expédient; voudrait on introduire la culture de la Vigne en plein champ dans l’Amérique Septentrionale, de maniére à être comme Sur de Son fait? J’offre là dessus un mémoire intitulé Art de la Vigne et du Vin Sans labours; Sans pressurage ni Cuvage &a auquel je travaille par reconnaissance envers la Ville de Neûchatel qui vient de m’aggréger à Sa Bourgeoisie avec une distinction très honnorable pour mes faibles talens et les Services que je puis avoir rendu jusqu’ici à ma Patrie; mais Sur quoi il est à observer, que Si mes méthodes ont déjà reussi en partie dans mon Païs et de maniére à m’attirer des applaudissemens; d’un autre côté, une certaine inhabileté à Saisir mes principes de physique, fait que mes procédés restent encore Sous un profond mystère, outre que l’on craint ici plus que partout ailleurs, au moins chez le Peuple, les innovations. Cependant, Monsieur, comme ce Serait certainement une perte pour l’humanité Si mes découvertes venaient à périr avec moi ...(dans un age et une faiblesse de vuë...qui ne me laisse plus gueres d’esperance:) au cas que Vôtre Excellence ne vit aucun moyen de favoriser mes desseins en Amérique; et attendu d’ailleurs que nos Accadémies d’Europe, ne Sont pas des Théatre encourrageans pour le Génie; oserai je Supplier Monsieur au nom de cette même humanité, de daigner Servir de Canal de haute recommandation pour faire parvenir à Sa Majesté Prussienne, mon très gracieux Souverain, qui déja Sans me connaitre qu’imparfaitement, ma gratifié avec ma nombreuse famille de la lucrative Bourgeoisie de Vallengin, mais dont l’Auguste Personne n’est pas directement accessible à des Ecrits de ce Païs; ceux que je prendrais la liberté de faire tenir à Votre Excellence par nos Agens de Commerce à Paris une Simple remise de Votre Part au résident de Prusse à Paris, ferait toute l’affaire; et Votre Excellence Sacquitterait ainsi tout à la fois la Protection qu’éxige d’elle le Rang Suppérieur qu’elle occupe parmis les Savans, ainsi que parmi les premiers hommes d’Etat, pour Seconder celle que le premier Génie parmis les Monarques daigne accorder aux Talens. Mais je crains que par mes fastidieuses longueurs, je ne fasse que m’éloigner de mon but...en vous faisant perdre, Monsieur, des momens aussi précieux que les votres aux intérets des Nations; Permettés donc qu’après avoir joint dans des circonstances aussi glorieuse pour Votre Excellence, mes voeux à ceux de tous les Peuples qui vous vénérent, pour la Conservation toujours ultérieure de vos jours inappréciables je puisse avoir le bonheur de me dire avec tout le profond respect dont je Suis capable Monsieur De Votre Excellence Le très humble et très Obeissant Serviteur