L’union intime qui regne entre votre Patrie et la mienne les secours mutuels quelles se donnent me donnent lieu de croire que cette affection commune ne se borne pas au General mais doit setendre encore aux particuliers. Cest ce qui fait que je madresse a vous Monsieur avec une confiance entiere dans une affaire importante.

J’avois un Neveu qui portoit le meme nom que moy qui partit de Cadiz au commencement de la guerre pour Philadelphie il na plus donné de ses nouvelles a sa Famille mais nous avons sçu par des voyes indirectes quil etoit associé a une maison de commerce de cette ville et meme que M. Lambassadeur de notre Monarque auprès des Etats unis luy avoit procuré l’office de Tresorier de sa nation. Un Negociant de Cadiz a ecrit depuis peu a sa mere quun bruit setoit repandu quayant eté faire des recouvrement dans des paÿs eloignés il avoit été assassiné a son retour et luy demande une procuration en Faveur de MM. Lacaze et mirail etablis a Philadelphie pour la liquidation de ses affaires.

Je vous conjure Monsieur de prendre en main la cause dune mere et d’une Veuve desolée d’ecrire dans cette ville pour sçavoir ce qui en est et en cas que ce jeune homme soit mort de prier quelquun de vos amis de veiller a ce que les biens quil peut avoir delaissé ne se dissipent point de vous mander les precautions quil Faut prendre a quoy ils peuvent monter déetraction faite des dettes et si on conseilleroit a la mere d’envoyer un des deux Fils quelle a encore dans le commerce en Espagne pour y continuer la Societté.

Tout ce que jay oui dire de la probitté et de la generosité de votre Nation et en particulier de votre Grandeur d’ame m’assure Monsieur que ma pauvre belle soeur trouvera dans vos Concitoyens une affection et une generosité de Freres et dans leur Illustre Representant une bonté et une protection de Pere.

Jay lhonneur detre avec un très profond respect Monsieur votre très humble et tres obeissant serviteur