quoique inconnû Je prends La Liberté de vous ecrire. Je n’oserois point Tentér cétte demarche, si Je n’etois assuré que Je parle a un philosophe.
Je suis docteur en médecine de La faculté de montpeliér, J’ay disputé une chaire dans L’université de Toulouse, des motifs, que je dois taire, m’ont ravi un poste que La Justice sembloit me destinér; Je suis revenû a paris pour la seconde fois, conduit par des projets qui me promettoint un Poste agréable, des Evenements que Je n’ay pu prevoir ont Renversé les Esperances; Je serois dezireux de voir Les Etats unis de L’amerique, le climat heureux ou Règnent encore la sincerité, La Justice et La Bienfaisance, ou La philosophie peut sans Crainte faire entendre sa voix, ou L’homme jouit de sa Liberté et ne conoit point Les chaines de L’Esclavage, ou Les intrigues et les Sourdes menées ne Ravissent point Les recompemses dues a La vertû et aux Talents. Je suis dans ma vingtieme année, J’ay acquis quelques Connoissances en médecine, en histoire naturélle, et en mathematiques, si avéc ces moyens il m’est possible, monsieur, d’obtenir de vous quélque Recomandation pour philadelphie, Je me disposerois a faire ce voyage; Les depences que J’ay faites dans Le Cours de mes Etudes ont absorbé une partie de ma fortunne, Je ne dois aujourd’huy attendre que de quélques foibles Talents que J’ay acquis avéc Beaucoup de peine; J’ose esperér que vous serés sensible a ma Situation et que vous voudres Bien m’honnorér dune Reponse.
J’ay l’honneur d’etre avéc Respéct Monsieur Vôtre tres humble et tres obeissant Serviteur