Lorsque je suis venu à Paris, un Négociant, de ma ville de la Rochelle, que j’aime & estime beaucoup, parcequ’il le mérite, m’a prié de vous intéresser à la lettre ci jointe, pour qu’elle soit mieux rendue à son adresse & mieux accueillie si vous avéz la bonté de la recommander. Ce négociant & sa famille, des plus anciennes & des plus honorables de notre Isle de Ré, où elle habite, ont, pour parents, Mrs Mazick de Charlestown, qui Sortent originairement de la même Isle de Ré. Ils ne leur écrivent, comme je l’ai vu, et comme vous pouvéz le voir en rompant l’envelope du paquet, que pour former & cultiver, avec eux, une correspondance aussi naturelle que convenable à la parenté qui les unit. Ils Seroient fort aises aussi de pouvoir se la rendre réciproquement utile dans la liaison de commerce qui est actuellement ouverte, & promet de devenir plus libre, entre la France & vos treize Etats, que vous avéz soutenus & que vous représentés Si dignement dans votre admirable Députation. Après avoir ainsi réuni, le plus heureusement, votre respectable Nation & la notre, il me paroit digne de vous & de votre coeur, de réunir aussi, d’affection & d’intérêt, dans l’une & dans l’autre, des membres d’une même famille que le hasard, ou l’empire des circonstances ont éloignés & Separés depuis longtemps.
Je regrette infiniment, Monsieur, d’être obligé de partir aujourdhui pour la Rochelle, sans que mes affaires, depuis que je Suis à Paris, m’aient laissé un seul instant libre d’aller à Passy, vous porter & remettre moi-même le paquet que je prends la liberté de vous envoyer par la petite Poste. J’en suis d’autant plus chagrin, que je desirois plus que personne au-monde, de voir & de connoitre personnellement le Physicien, le Savant, l’homme de Lettres, le Politique & le grand homme, que j’admire, en vous, dep[uis] tant d’années. J’aurois été beaucoup plus flatté & plus satisfait de vous offrir de vive voix, que par écrit, l’hommage du respect avec lequel je Suis Monsieur Votre très humble & très obéissant serviteur