C’est avec des sentiments penetrés du plus profond respect et de la plus grande confiance qu’a l’honeur de s’adresser à votre altesse votre trés humble serviteur. Etant le cousin germain du chevalier de chefdebien, major de legion dans les provinces unies, qui a l’honeur d’etre connû de vous, j’ai cru pouvoir obtenir quelque chose de vos bontés. Monseigneur j’ai le malheur d’etre né d’un pere qui n’est pas riche, ayant été cadet de famille, et ayant eu beaucoup de procès à soutenir, c’est un capitaine d’inphanterie retiré; j’avois pris l’etat eclesiastique, mais je vois que ce n’est pas mon etat, je voudrois en prendre un autre, mais mes facultés ne me le permettent pas; je vais donc prendre la liberté de prier Monseigneur de vouloir bien me procurer de l’employ ou quelque place dans les provinces unies, je suis agé de 20 ans, je tacherais de m’acquiter des devoirs de mon employ comme tout honete homme doit s’en acquiter. J’espere que votre bonté voudra bien pardoner la liberté que le besoin me fait prendre, car etant à la derniere année de ma theologie, Mon cher pere ne peut pas me la faire finir faute de moyens. Je crois avoir oüi dire à mon cousin que votre altesse avoit bien voulu avoir des bontés pour lui à son passage à paris, j’espere qu’elle voudra bien aussi en avoir pour le plus humble de ses serviteurs qui reclame à ses bontés. J’espere donc que vous voudrés bien m’avoir dans les provinces unies quelqu’employ sur terre, ou sur mer dans le service, ou ailleurs. J’ai l’honeur d’etre avec le plus profond respect et la plus entiere soumission Monseigneur de votre altesse le plus humble et le plus obeissant de ses serviteurs