Les lettres de Cadix du 8e. de ce mois nous apprennent qu’une division de l’Escadre de Toulon s’est emparée d’une frégate angloise de 26. canons et d’un batiment chargé de morue qui tous deux ont été conduits à Malaga.
On écrit du ferrol du 12e. que quinze vaisseaux de Ligne doivent en partir le 19. de ce mois pour se rendre à la Corogne, et de là faire voile pour Brest au premier vent favorable.
Ce rapport est si beau que j’ai peine à le croire.
Le Corsaire Le furet de Toulon armé d’un Canon et 4 pierriers a fait sa sixieme prise chargée de Morue qu’il a conduite à Malaga. Il est monté par un Maître d’armes.
Le Corsaire L’Epervier de ce Port de 6. canons a été pris à la hauteur de Vinéros par un cutter anglois de 22. canons. Cependant il ne s’est rendu qu’après ¾ d’heure de combat pendant lequel il a eu la moitié de son petit Equipage tué ou blessé, c’est a dire 39. hommes.
On assure, et je le crois, que nous n’avons que 4000. prisonniers en Angleterre, tandis que les Anglois en ont au delà de 8000 en france. En vérité la nation françoise et particulierement la Marine me paroît l’emporter sur toutes les autres par le courage et ce courage appartient au dernier Matelot, au plus petit Mousse, tout autant qu’à celui qui le commande, fût-il amiral. L’anglois est brave, mais l’orgueil et une espece de férocité exaltent sa tête et conduisent son bras; il se bat en désesperé, la rage dans le coeur et dans les yeux; il se bat comme Linguet écrit. Voyés le françois dans une action, il rit, il badine avec la mort, il la brave, il la méprise. Soldats et matelots quels hommes! Et un Porteur de Soutanne, une femmelette oseront encore ouvrir la bouche! Ventre-Saint-gris, j’en jure par henri IV et Louis XVI. Je ferois venir de la barbe aux unes, et j’empêcherois bien qu’il n’en vint aux autres.