Je suis Palatin de Nation: addonné depuis ma Jeunesse à une Etude continuée de l’art du Génie, dans laquelle j’ose me flatter y avoir fait des Progrès. Je servis sept ans dans l’Infanterie à Son Altesse S[érénissi]me Elect[ora]le Palatine, Laquelle pour Prix de mes fidels Services, Zêle, et Exactitude, a daigné me conferer la Place d’un Lieutenant actuel, avec les appointemens y attachés dans le corps du Genie, et en cette qualité j’ay encore l’honneur de servir depuis huit ans.
Il ne peut Monsieur! vous être inconnu, que nos troupes restent depuis longtemp dans une inaction nuisible, quoique salutaire au Peuple; mais peu satisfaisante à l’Envie d’un jeun officier, agé que de 30. ans, qui souhaiteroit saisir des occasions propres à mettre en oeuvres ses Experiences, se soustraire à l’oisiveté, et à pousser sa fortune. Porté, dès le commencement de cette Guerre, pour la juste cause de l’Amerique opprimée je n’ai pu encore resister à mon ardeur brulante, qui s’accroit de Jour en Jour, de combattre, au Prix de mon Sang, pour sa Gloire.
Et c’est a Vous incomparable Protecteur, très digne et tendre Pere du Peuple americain, dont la Renommée parvenuë jusques à nous sera immortelle! c’est à Vous Monsieur, que je prend la Liberté de m’addresser pour cet effet, et d’offrir mes foibles services, avec ma Vie, pour le Bien de Votre chère Patrie. Aggrées, Monsieur, je vous prie, ce mon offre sincére, et soiés persuadé, que ma conduite inseperable de la fidelité incorruptible avec laquelle je m’acquitterai de mes Devoirs, ne vous donnera aucun Lieu de Regret.
Suis-je assés heureux d’etre mis par Vous Monsieur! au nombre de vos fidels guerriers, je vous prie dy voulloir bien pourvoir par tel arrangement, qu’il vous paroitra convenable, aux fraix d’un voyage aussi longue, mes propres fonds n’etant suffisants; me communiquer vos chers ordres ultérieurs, et de m’honorer, au retour du Courier, d’une Reponse cathegorique, par le même canal, que la presente vous en est parvenuë, pour me mettre dans le cas d’y prendre mes mesures necessaires. L’attendant avec un Empressement sans égal, j’ai l’honneur d’etre avec tout le Respect imaginable Monsieur Votre trés humble et trés obeissant serviteur