Vivant dans une République il n’est pas surprenant que j’aye le coeur républicain et que sous ce point de vüe je prenne la plus grande part aux succès heureux et rèçens de ces Citoyens généreux vos confreres qui savent si bien déffendre leur liberté. Depuis le commencement de vos troubles avec l’Angletere, c’est ici le même voeu dans tous les coeurs. Chaque canton, chaque ville, chaque particulier, montre la même ardeur pour les Insurgens. C’est un enthousiasme qui a saisi toute la nation qui, comme Vous le savez scut maintenir autre fois par les armes une liberté qu’on cherchait également a lui ravir. De là avec quel plaisir n’a-t-on pas vû depuis des années le Général Waginston, ce nouveau Fabius temporiser et faire perdre a l’ennemi les fruits qu’il se promettait de ses différentes campagnes! Mais au nom d’Arnole, qui n’a chanté ses louanges? Il vient de se couronner de lauriers. Il a battu l’ennemi et non seulement il l’a battu; mais il lui a fait mettre bas les armes de meme qu’au Général. C’est un coup de maître digne de Condé, de Saxe, exploit qui nous fait préjuger qu’howe en fera bientot autant, que Bourgoyne si déja il n’a évacué Philadelphie pour se retirer bien loin; mais le but de ma lettre n’est-il que de vous féliciter, que de me conjouir avec vous? Non. Animé et brulant pour votre cause, mon objet principal est de vous offrir et a vos chers concitoyens mon courage et mon bras: déffendre vos foyers jusqu’a la mort s’il le faut. D’apres cette proposition voyés Monsieur si par votre entremise je pourrais avoir du service chés vous, occuper le rang de sous-lieutenant dans quelqu’un de vos régimens. Avec des troupes de nouvelles levées il faut des officiers qui ayent vu le feu. Dans la corse je l’ai vu sans trembler. Je ne tremblerais pas plus devant vos adversaires. Si c’est chose faisable marquez moy je vous prie la route que j’aurai a tenir c’est a dire ce que je dois faire, ou je dois me rendre, quand vous jugeriés que je devrais partir pour m’embarquer dans quel port, si vous me donneriés mon brevet ou seulement une assurance comme Delegué du Congres connu pour un homme d’honneur, et moy ne tenant a rien, je partirais sur votre parole. Que n’ai-je eu précédemment les memes instructions, depuis des années je serais des votres.
J’ai l’honneur d’etre avec une respectueuse considération, Monsieur, Votre tres humble et tres obéissant serviteur