J’ai recu Mon Illustre Docteur les différrens pacquets que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser 1º celui qui m’a été remis par la voye de M. Le Chevalier Pelletier contenant la lettre que vous avez fait l’honneur à mon Frere de lui adresser sur la marine 2º celui que j’ai recu par la voye de M. Grand contenant non seulement une semblable Lettre mais encore celle que vous avez adressée à M. Ingenhouz sur les causes de la fumée dans les cheminées et votre écrit sur un nouveau poele pour bruler du charbon de terre et consumer toute la fumée. J’ai remis à mon frère l’exemplaire de sa lettre et j’ai fait votre commission pour M. Ingenhouz. Mon frère a été de l’honneur que vous lui avez fait et me charge de vous en faire tous ses remercimens. Pour le faire jouïr plus promtement j’ai déja traduit votre lettre presqu’en entier et comme elle renferme beaucoup d’excellentes choses vous imaginez bien que nous serons fort empressés d’en faire jouïr le public. Mais de graces si la chose est encore possible changez dans vos transactions le nom d’Alphonsus que vous lui avez donné il ne s’est jamais appellé de ce nom ses noms de baptême étant Julien David, et ce nom de baptême Alphonsus étant celui d’un médecin de la faculté de médecine de Paris à qui ni lui, ni moi, ne voudrions ressembler en aucune façon.
Je vais passer quelque tems à la campagne chez M. De Malesherbes où je traduirai votre écrit sur Les Poëles pour qu’il soit promtement imprimé et je ne manquerai pas de le communiquer à M. Le Noir et à M. Cadet. Il est arrivé quelque chose de fort singulier au château de M. Malesherbes où je vais. Le tonnerre est tombé sur son colombier où il a tué plus de trois cent pigeons mais le singulier c’est que tous ces pigeons etoient sur leurs pattes dans leurs trous comme regardant dans le colombier et cependant ils etoient tous morts quoique dans cette attitude. C’est de M. De Malesherbes que je tiens cette observation.
J’attends avec grande impatience la lettre que vous me promettez Mon Illustre Docteur ainsi que vos Transactions. Nous sommes comme vous savez en vacances dans ce moment et je ne sache pas qu’il y ait dans les sciences aucunes nouvelles qui puissent vous intéresser. Nous n’avons point eu d’expériences dans ce pays cy sur les ballons depuis celle de M. Têru dont je vous ai parlé dans ma derniere lettre. MM. Alban et Vallet n’en ont point fait cette année a Javelle. Il n’y a que blanchard qui soutienne l’honneur de La Découverte. Vous verrez par les papiers anglois qu’il est arrivé encore un grand malheur par un ballon à New Castle où jeune homme a péri par une maladresse dans la manière de le remplir, lorsque la besogne etoit presque finie.
Nos chymistes sont fort embarrassés actuellement pour pouvoir bien déterminer Les Phenomenes de la décomposition de l’Eau dans les differrentes opérations chymiques où cet élement jouë un rôle et entre comme partie constituante. Adieu Mon Illustre Docteur c’est toujours avec un plaisir que je ne puis vous dire que j’apprends que votre Santé se soutient toujours bonne et comment cela pourroit être autrement? à tous les sentimens sinceres de l’attachement que je vous ai voué pour la vie