Vous sçavez, ma très chere Amie, que M. votre Mari a taché il y a long tems de me persuader à rester en France. En Revanche je lui persuade actuellement d’aller avec moi en Amerique; et j’espere que je reuisserai: car j’ai deja prevalu qu’il passe jusques en Angleterre. Et peutêtre quand vous êtes si eloignée, et moi si prés de lui, la Force de vôtre Attraction sera si diminuée, et la mienne si fortifiée, que je l’entrainerai. En ce Cas, je ne vois pas une meilleure moyen pour vous consoler de son Absence, que celui de prendre un Amant, et afin que cela sera conduit avec plus de prudence et de decence, je vous recommende M. le Curé. C’est un bon et digne Prêtre que j’estime infiniment. Si cela ne vous convient pas, suivez nous et amenez avec vous vos aimables Enfants; Ainsi je gagnerai toute la bonne Famille, à vivre avec moi en Amerique; ce que me ferait infiniment heureux. Adieu, ma très chere Amie; et croyez moi toujours avec sincere Respect et Affection, Votre très humble et très obeissant serviteur