From Royal Manufactory of Tulle (unpublished)
[c. 1779]
Mémoire

Les Etats réunis de l’Amérique Septentrionale ayant été obligés par les circonstances de prendre une quantité d’armes à feu sans choix, il doit en resulter que les approvisionnemens considerables qui ont été faits seront de peu de durée et peut etre en est-il déja resulté trop d’inconveniens.

L’administration de cette Republique peut dès à présent prendre des mesures pour se procurer les armes les plus Solides fabriquées dans une Manufacture de France avec les mêmes precautions qui sont observées quant à la Solidité pour les armes qu’elle fabrique pour les troupes de la Marine royale et des colonies, et à un prix peut être inferieur à celui qu’ont été payées les armes que lui a fourni la commerce.

Les Entrepreneurs de la Manufacture royale de Tulle affectée au Service de la marine du Roi, dont les armes sont connues surtout dans le Canada, et dans laquelle la fabrication s’en beaucoup perfectionnée depuis l’epoque où elle fournissoit les fusils de chasse que le Roi de france envoyoit en Canada, feront fabriquer annuellement la quantité d’armes à feu qui leur Sera demandée par le Congrés au même prix que le Roi de france les paye pour les troupes de la Marine et des Colonies.

Ils remettront à cet effet à tel Negociant ou Corréspondant a Bordeaux que le Congrés indiquera pendant que la guerre durera la quantité de fusils et pistolets qui leur Sera demandée, lesdites armes encaissées avec les précautions requises; et ce Negociant ou correspondant sera autorisé à en remettre la valeur en effets payables à Paris à Six mois du jour de la livraison.

En tems de paix lesdits Entrepreneurs pour prevenir les frais et eviter autant qu’il sera possible ceux de commission pourront Se charger de faire parvenir, dans la colonie même à la personne et au lieu qui leur seront indiqués, les armes à feu qui leur seront demandées. Alors le prix qui aura été fixé sera augmenté de la depense qu’occasionneront le fret et les assurances.

Ce double moyen le plus économique que l’on puisse envisager, offre encore l’avantage de procurer toute la Sureté que le Congrés et les Entrepreneurs doivent également desirer, pour que les fusils de Tulle ne soient substitués par aucune spéculation de commerce; puisque les correspondants qui les livreront Soit en france, soit dans la Colonie Seront reconnus par les deux parties contractantes, surtout en prenant la precaution de donner l’estampe de Marques qui seront mises tant sur les canons que sur les platines de ces fusils.

On observe à ce sujet que quelques negociants françois Se Sont permis de substituer aux fusils de chasse fabriqués dans la Manufacture de Tulles et que le Roi de france envoyoit aux habitans du Canada et de la Louisiane jusqu’à l’époque de la derniere paix sur le pied de 30 l.t. pièce, des fusils qui ne coutoient que le tiers de cette somme dans des Manufactures marchandes et que pour leur donner dans la Colonie la valeur que la bonne qualité des fusils de Tulle y avoit établie, on imprimoit sur la platine le mot Tulle. Les Entrepreneurs de cette Manufacture declarent n’avoir envoyé aucune arme dans ces deux Colonies depuis qu’elles Sont Sorties de la dependance du Roi de france.

Si ces propositions generales peuvent convenir, les Entrepreneurs de la Manufacture de Tulle enverront Sous le plus court délai possible à la personne qui leur Sera indiquée à Bordeaux une caisse contenant trente fusils ou pistolets de differens modeles tant pour l’infanterie que pour les Dragons, cependant du même calibre, que pour la chasse. on observera de mettre quatre fusils du même modele afin que de ceux qui seront agréés deux puissent rester dans la colonie et deux etre renvoyé à la Manufacture.

Le Ministre des Etats unis de l’Amerique en france peut consulter le Secretaire d’Etat de la Marine sur la confiance que mérite la Manufacture de Tulle et son intervention dans un pareil traité ne peut qu’inspirer une confiance reciproque. On prevoit que les fusils du calibre de 16 eprouvés avec les memes précautions qui s’observent pour ceux destinés pour la Marine du Roi et propres à l’usage de l’infanterie et des Dragons pourront couter rendus a Bordeaux et payables Six mois après la

livraison au Port garnis en fer avec leurs bayonnettes .27 l.t.
Id. garnis en cuivre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29.
Les fusils de chasse ordinaires Nommés
Canada du Calibre de 28. . . . . . . . . . . . . . . . . . .26.
Les fusils fins id. pour maitres. . . . . . . . . . . . . . . .36.
La paire de Pistolets garnis en fer. . . . . . . . . . . . . .27.
En cuivre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29.

Lorsqu’il s’agira d’expedier ces armes directement à la colonie, on ajoutera aux prix ci-dessus la dépense du transport de Bordeaux aux Colonies de l’Amérique et les frais qu’entrainent nécessairement les risques et les délais des retours en denrées pour le compte des Entrepreneurs./.

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