J’implore Mon Cher Docteur votre protection pour un Malheureux Matelot attaché au service D’un Batiment americain et que des Circonstances Malheureuses Et la Difficulté De s’expliquer font Detenir injustement Dans une prison cruelle. Je Gemis pour mon paÿs qu’il soit possible qu’il y ait Des Malheureux de ce Genre mais Enfin sauvons celuy cy si nous Le pouvons. C’est l’honêste St. Jean De Crevecoeur mon Ameriquain qui me L’a adressé avec une Lettre tres pathetique et Les informations que j’ay l’honneur De vous envoyer. Il sagit de luy procurer la liberté et les moyens De Retourner a l’Orient ou il pourra s’embarquer; il faut pour cela que vous ayéz La Bonté D’Ecrire un Mot a L’intendant De Caen pour Réclamer cet homme et quant aux frais pour le mettre en Etât de Retourner a l’orient ou il trouvera Des Ressources s’il n’y a pas Des fonds Destinés a cela par vos Concitoyens, nôtre Charité y supléera. Je n’ay point oublié ce que les Dames Anglaises ont fait pour les Matelots français et je seray De plus fort aise De Rendre a Ma Chere Amerique un homme qui est dit-on Encore en Etat De la servir. Dailleurs la somme n’est pas forte et ne Monterait qu’a dix Ecus. Il faudrait que vous Eussiés la Bonté De M’Envoyer vôtre Lettre pour l’intendant De Caen lieu De la Detention De Cet homme. Je me Charge De L’Envoyer et D’En avoir Reponse. Je vois avec plaisir s’aprocher Mon Cher Docteur Le tems De la petite course que vous M’avés fait Esperer a Sanois ou je retourne enfin le vingt Deux De Ce Mois sy vous pouviés y venir avec Monsieur vôtre petit fils Dans l’Espace Du vingt quatre au trante il fait Encore un assés Beau tems pour que la Campagne vous offre quelques agréemens et vous scavés Mon Cher Docteur combien vôtre presence me Rend heureuse. Recevés les assurances De ma tendre veneration Et De mon immuable attachement