Gardien depuis treize mois du Vaisseau l’élizabelle (prise anglaise faite par des amériquains) en cette qualité je demande au Sieur gourlat leur correspondant qui en a la charge, le Bois qui a servit à larrimage des marchandises contenues. Prétendant qu’il ne doit pas m’appartenir, il s’oppiniatre a me le refuser. Mais s’il ne m’appartient pas, est il à lui? La façon généreuse avec laquelle les amériquains agissent envers les gardiens de leurs vaisseaux, prouve bien le contraire à nantes à la rochelle ils leur laissent le Bois d’arrimage, le déchargemont une fois fait, sans que leurs commettans en profitent le moindrement. Puisque cet usage est constant, pourquoy le Sieur gourlat ne s’y conformerait-il pas? Il y a plus. Dans ces endroits les gardiens y sont payés à trente et quarante sous par jour, je n’en ai que seize. En ceci il n’est point a blamer il menage pour ses corréspondans et c’est son devoir. Mais que son excés de zele pour leur interet na l’autorise pas a me faire une injustice en me privant de trois ou quatre cordes de Bois; objet par sa petitesse sans doute peu digne de votre attention. Mais, Monseigneur, quand vous jetterez les yeux sur le sort d’un vieillard invalide, surchargé de famille, sans fortune, l’ayant toute perdue au service de son prince il y a vingt ans, certainement votre grand coeur vous portera a me rendre Justice. Pénétré deja par avance des sentimens de la plus vive reconnoissance de ce bienfait j’ay lhonneur d’être, Monseigneur, Votre trés humble et trés obeissant serviteur