Ce n’est point pour obtenir Le paÿement de mon certificat de Loan office que j’aÿ Lhonneur d’ecrire aujourdhuÿ a votre excellence; un objet plus interessant m’occupe; et jay tout Lieu d’esperer qu’il aura votre approbation; Le grand ouvrage de La paix que vous venés de terminer, Monsieur, et qui a reçu d’une voix unanime Les applaudissements de L’europe, procure aux etats unis de Lamerique, un vaste terrein inculte et inhabité; Le projet de votre excellence est sans doute, d’encourager des etrangers, (a Lexemple des anglois Lorsqu’ils en étaient possesseurs) a passer en amerique pour La peupler, et pour s’occuper de La cultivation de ces terres qui en sont réellement susceptibles, (d’après ce que j’aÿ pû en juger Lorsque j’étois dans ce paÿs La). Je suplie instament, votre excellence, de m’accorder par un billet signé de votre main, un espace de terrein suffisant et pour moÿ et pour quelques cultivateurs bearnois qui sont mes vassaux et qui m’ont demandé de Les amener avec moÿ aux etats unis; si vous daignés vous informer, Monsieur, vous ou en charger quelqu’un, de quelle maniere est cultivé le bearn, soit en grains, soit en vignes, tout Le monde vous en rendra bon compte, et vous dira qu’il n’est peut etre point dans le royaume de peuple plus adroit ni plus laborieux que le paÿsan bearnois qui a sçû par son industrie se procurer les moÿens d’avoir au moins une fois par semaine une poule au pot, ainsÿ que le desirait et le voulait henrÿ quatre. Si votre excellence approuve mon plan; je vous demanderay la permission et lagréement de faire porter votre nom a cette petite colonie béarnoise et de vous en rendre hommage, persuadé qu’en vous y intéressant ainsy, Monsieur, je verrai par ce moÿen le succès couronner le projet et tout me prosperer au gré de mes désirs. Mais si vous rejettés ma demande, que votre excellence ne me refuse pas au moins la portion de terre qui paroit devoir revenir a chaque militaire qui aura bien servi en amerique; vous avés en main, Monsieur, des copies de mes certificats et commissions qui me seront, selon ce que j’espere, de quelque utilité dans cette derniere requête, puisque vous ÿ verrés que j’aÿ rendu des bons services aux etats unis en detruisant Lennemi; ce sont les seuls titres que j’aÿe a vous presenter, mais je pense que votre excellence les preferera a ceux de la recommandation qui ne s’accordent pas toujours au merite. Veuillés, Monsieur, M’honnorer d’un mot de réponse d’icÿ aux fêtes de paques parce que je serai bien aise de pouvoir partir alors pour lamérique et dÿ porter vos ordres si vous m’en honnorés d’aucun. J’aÿ lhonneur d’etre avec respect de votre excellence Le tres humble et le tres obeissant serviteur