Si vous n’avez reçu aucune Lettre de moi la Semaine derniere, c’est M. Hartley qui en est cause. M. Votre Pere m’avoit dit que ce Plenipotentiaire devoit partir incessament pour Londres, et que si J’avois quelque chose à vous envoyer Je ferois bien de profiter de cette occasion. J’ai différé en consequence à vous écrire pendant quelques Jours, et au moment que Je croyois son Depart prochain, selon ce qu’il disoit, Je lui ai remis un petit Paquet pour vous, mais il n’est parti que 5 ou 6. Jours après. J’avois Dessein de vous envoyer aujourd’huy cette Lettre par courier de l’ambassade à cause des deux qu’elle renferme, mais M. votre pere qui l’a vue m’a dit qu’elle n’étoit pas assez considerable, et qu’il falloit l’envoyer par la poste.

Mad. Williams, sa petite Fille et Melle Christine sont icy depuis quelques Jours avec M. Williams, et tiennent Compagnie à M. votre Pere dont la Santé est toujours fort bonne. Nous attendons tous avec grande Impatience des Nouvelles de Messieurs Robert qui sont partis des Tuilleries en ballon dimanche 19 à Midi. Nous avons vu une Lettre hier dans le Journal dans laquelle on dit les avoir vus à 20 lieues de Paris sur les 3, heures du soir. Voila tout ce que nous savons de bien certain. Le facteur de la Grande Poste vient pourtant de M’assurer qu’un de leurs Couriers les avoit vu aux environs d’Aire en artois, et il m’assure de plus que Mde. Robert a reçu ce matin une Lettre qu’ils lui ont écrite le Jour même de leur depart à 6. heures du Soir, dattée de Renel à deux lieues de Bethune, qui comme Je viens de le voir sur la Carte est en artois à environ 50. lieues Nord de Paris. Nous saurons vraisemblablement demain ce qu’il y a de vrai dans ces Rapports.

J’ai passé dimanche dernier un Quart d’heure avec M. le Veillard, il n’a plus de fievre, mais il est encore bien foible, l’appétit ne revient point, et il est toujours obligé de garder la Chambre.

Comme je pense que vous serez sur le point de revenir lorsque vous recevrez la présente, Je prends la liberté de vous rappeller que nous avons bésoin de Papiers huilés, et si Je ne craignois pas de vous causer trop d’embarras, Je vous aurois prié de vouloir bien m’acheter une paire de Boucles de metal en argent plaqué à la mode, mais pas trop grandes. S’il vous est possible de me faire cette petite Emplette sans trop vous déranger, Je vous en serai infiniment obligé.

J’ai l’honneur d’être avec un respectueux attachement, Monsieur, votre très humble et très obeissant serviteur