Je Sousigné Gentilhomme denué, portant le même nom et les memes armes de l’ancienne Baronnie et d’illustre famille de Philippe de Commines, Chevalier et Prince de Talmont Chambelland du Regne de Louis XI. Roi de france de glorieuse memoire, ose prendre la très respectueuse liberté d’exposer à votre Excellence, afin qu’elle me permette l’honneur de representer à leures hautes Puissances des Etats unis de l’amerique septentrionale, que des l’an 1749. par la reforme m’etant trouvé officier militaire infortuné, jusqu’a l’an 1763. en laquelle année je fus licencié, en qualité de Proviant maitre et de quartier maitre d’un Corps leger imperial à pied et à Cheval, entierement reformé, et qu’aujourd’hui venant de trouver et destiner pour la Republique de la dite amerique, un Secret belliqueux très subtil, savoir que sans meche à chaque decharge de mousqueterie, tant à pied qu’a cheval on poura continuellement, en dechargeant les fusils, mousquetons ou Carabines, faire partir les grenades, du même moment que les Cartouches partent cela par le moien de ce dit Secret inconnu, chez toutes les Puissances de l’univers, par où les Dragons et Cavaliers en reservant leurs pistolets pouront alors à Cheval sans gene chaque fois d’un coup faire leurs decharges en cartouches et en grenades, et ainsi continuer leurs feus, où chez nulle Puissance, aucun Dragon ni cavalier ne sauroit à cheval donner ou jetter aucune grenade. Et l’infanterie poura de même chaque fois d’un coup faire leures decharges, en cartouches et en grenades et aussi continuer ainsi leurs feus, [le]quel double feu sans pareil, tant à pied qu’a cheval, sera continuellement aussi habil et plus vif que le simple feu de toutes les troupes à Cheval Egalement si promt et plus vif que le simple feu de toutes les troupes d’inf[anteri]e les plus renommées, qui ne donnent passagerement (selon l’usage d’aujourd’hui) leurs grenades que par la main avec la meche. Toute arme à feu (comme Carabines, mousquetons et fusils) etant pourvue de ce secret pour les grenades, sera aussi portative qu’une simple, tant à pied qu’a cheval et ne sera non plus genante ni plus dangereuse aux troupes, que celle ordinaire et l’on ne doit pas y prendre plus de precaution, ni plus de maniment, qu’il n’est requis pour une autre simple, Si par icelle on ne veut faire qu’un simple feu, qui peut se faire. Si l’on veut faire double feu, on poura le faire sans gêne, aussi promt que le simple de coutume, dont l’utilité heroique, universellement inconnuë, sera tant par mer que par terre très propre a toute troupe quelconque, et encore plus propice dans les pais des Montagnes etc.
Si l’on veut que cette nouvelle invention proposée ne devienne à la suitte connue chez l’Etranger, les armes secretes ne seroient qu’en tems de Guerre usitées et confiées qu’aux sujet assurés, en consequence on poura choisir et distinguer dans chaque Regiment une compagnie ou deux à titre des volontaires Ecuiers ou Experts, tant dans l’inf[anteri]e que dans les Dragons et cavalerie, où etants tous choisis de noblesse et des gens de bonne famille, ce seroit ainsi le moien absolu à pouvoir tenir l’invention susdite très secrete.
Sujet pour quel (sous la grace et protection liberale de Votre Excellence) je prens mon tres humble recours, vers leures hautes Puissances, les plus gracieux protecteurs et souvenirs des Talens.
Suppliant Votre Excellence, avec toute La Soumission possible de daigner etre servie, en agreant mes traveaux et pour la construction me vouloir bien donner des ordres necessaires, ne pouvant faute de facultés hazarder une longue route, ainsi de mon [chet] je n’ose sans appui risquer le voiage jusqu’a Paris, pour ensuite pouvoir personnellement me prosterner au pied de leures hautes Puissances des Etats unis de l’amerique septentrionale. Dans cet Espoir, permetez moi, que j’ai l’honneur d’etre avec le plus profond Respect, Monseigneur! De Votre Excellence Le plus soumi et le plus humble serviteur