Jay recu les deux lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’ecrire les 26 juin et 2 de ce mois. Nous avons Sceu icy par Madame holker que votre rhume S’etoit heureusement et assez promptement dissipé et cette Nouvelle nous a fait un vray plaisir. Menagez vous monsieur de plus en plus; Jeunesse Se passe, les années qui S’accumulent nous rendent Suceptibles d’eprouver des Incommoditez, pour des Miseres, qu’on ne croyoit que des riens, parcequ’on n’en avoit jamais ressenti la plus foible Incommodité.
Je vous fais mille remerciements Monsieur de votre bonne Recommandation pour Mr. Galart des Graux mon Parent, aupres de M Francklin. Je Sens que ce Digne Docteur doit etre en Suspens pour l’objet dont il S’agit par le Depart de Philadelphie d’un Consul General pour la France, parcequ’en effet a celuy cy doit avoir receu du Congrés, les Instructions necessaires pour Seconder les Veües du Congrés; Je ne dois donc quant a present qu’esperer, et vous remercier beaucoup dav[oi]r donné ma lettre de Suplique a Mr Francklin. Je crains bien avec luy, que la fregatte dans laquelle s’[est] embarqué ce Consul Génèral ne Soit perdue. Voila bientot sept mois de Mer Sans Nouvelles? Ce Silence me paroit en dire beaucoup trop, ou laisse au moins bien peu d’esperance. Je vous diray que Si J’avois eté dans le cas de Suivre la Mer, j’aurois je crois eu quelque peine a m’embarquer dans un Vaissea[u] qui fait Son premier Voyage, parcequ’on ne peut pas Scavoir Comment il se compertera a la Mer, Comment il faut qu’il Soit chargé, Sil portera bien la voile, Si l’on na point obmis nombre de chevilles essentielles pour la Solidité de liaisons &ca.! Ce Risque me paroit l’emporter sur l’avantage detre dans un Navire Neuf. Je puis vous assurer, Monsieur, de la tres bonne Sancte de madame holker, du moins d’hier au Soir, Car il est trop matin pour que j’aye eu encore le plaisir de la voir. Je luy fis part de votre lettre au moment que je la reccue, et il luy fit grand plaisir de recevoir de vos Nouvelles. Elle espere fort en avoir aujourd’huy comme vous le luy avez promis.
En vous Recommandant M Galart des Graux pour Consul a Bayonne, J’oubliay de vous dire que Je crois, Sans en etre Seur, qu’il Sçait l’anglois. Je veux dire qu’il entend l’anglois[.] Quant au hollandois [et] a l’espagnol, il les Parle comme le Francois. Une observation a faire au Docteur flancklin c’est que Je penserois qu’il Seroit plus avantageux pour les Etats Unis, d’avoir dans plusieurs de nos Ports de Mer un Consul francois de bonne Famille de la meme Ville, qu’un Consul ameriquain. Les Juges quand on a des affaires, et les ouvriers quand on en a besoin, ont Generalement plus d’attention et d’Egard pour un Compatriotte que pour un Etranger Isolé. J’ay l’honneur d’etre tres parfaitement Monsieur Votre tres humble et tres obeissant servr