— Lorin to William Temple Franklin (unpublished)
Morlaix 4 avril 1780
Monsieur,

Permetés moi je vous prie de vous rappler les petits services que j’ai eu la satisfaction de vous rendre Lors de votre arrivée en france. J’eus l’honneur de Diner avec vous a Vannes prés quiberon, j’interompis mes affaires pour vous faire voire les promenades, les Eglises et je fis le possible pour vous procurer une voiture de Louage, a deffaut de laquelle je vous fis offre de la mienne au prix que j’en avois refusé peu de jours avant et je vous cedai cette voiture sur la signature de Monsieur votre Grand Pere que je n’avois pas L’honneur de connoitre. Vous voulutes bien m’en faire faire des remerciments et je regretai des lors de ne pouvoir vous offrir la continuation de mes services, mais mon Etat qui etoit ambulant m’en ôtoit les moyens; aujourdhui je puis le faire et avec beaucoup davantage et je vous citte ces faits pour vous rappler que je suis le premier françois qui ait pu vous servir et vous prier, Monsieur, de vouloir bien vous joindre a moy auprés de Monsieur votre Grandpere même pour me faire obtenir La Preference que je lui demande.

Votre Correspondant a Morlaix Mr. Pitot vient de manquer et je vous prie, Monsieur, de me faire accorder par Monsieur votre Grand Pere ou autre Cette Correspondance. Je prend la liberté de lui en ecrire et je lui marque que Je vous prie de vous joindre a moi a cet effet et aussitot car elle sera surement demandée mais j’ose vous assurer que personne ne peut mieux la gerer que moi. Et pour vous le demontrer j’aurai Lhonneur de vous exposer que j’ai êté officier marin dès L’Enfance prisonnier en angleterre, que je connois la mer et tout ce qui a rapport aux armements quelsconques, que je parle passablement L’anglois et que je suis fixé pour toujours a Morlaix. J’y ai êté nommé Directeur des fermes de Bretagne des (?) il y a prés de deux ans aprés douze années d’Exercice Connu. Cet Etat est majeure L’administration qui m’en est confiée excede un million de produit par an et Cet Etat me met a lieu de me meller a d’autres affaires avec beaucoup davantage. Je le suis plus particulierement avec M. Sermessan Le Plus riche Negociant de Cette ville qui parle et ecrit parfaitement Langlois et qui est Correspondant de presque tous les Etrangers. Je m’obligerois avec lui ou tout autre vraiment solvable sur tous mes biens presents et a venir pour plus grande sureté de Cette Correspondance. Ainsi vous auriéz deux personnes solvables au lieu d’unne qui concourroient ensemble a l’action et a lavantage de vos Concitoyens et cela sans qu’il en coutât davantage de Commission.

Je vous supplie donc, Monsieur, de voire Monsieur Votre Grand Pere, touttes autres personnes de qui dependent cette affaire ou de leur Ecrire au plutôt car j’apprehende que Cette Correspondance ne soit demandée et j’ose vous assurer que personne ne peut la mieux gerer et plus surement que moi dautant plus que ce sera toujours par moitié avec un des meillieurs negociants d’icy. Vous aurés lieu d’en être satisfait et ma reconnoissance sera Eternelle.

Je suis avec L’attachement le plus sincere et le plus profond Respect, Monsieur, Votre trés humble et trés obeissant serviteur

Lorin
Directeur des fermes de Bretagne
Endorsed: Lorin Morlaix 4. avril 1780. (Ansd. 22 Ap. 1780 kept no Copy)
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