The Chevalier de Laneuville to William Temple Franklin (unpublished)
Paris ce 2. avril 1780.
Monsieur et cher ami,

Il y a un siècle que je n’ai eu l’honneur de vous voir, j’ai été passer quelque tems a la campagne, dailleurs n’ayant pas de voiture, mes jambes ne me portent pas toujours ou mon coeur voudroit les conduire. Vous vous me citerés vos occupations, ensuitte vos plaisirs, et apres l’amour, je trouverai toutes vos excuses tres bonnes, surtout si vous voulés prendre un jour pour venir me les répéter vous même et diner a Saint mandé chez mes parents. C’est notre maison de campagne, a une demie lieüe de Paris. Donnés moi votre jour, et comptés pour arrété celui que vous aurez déterminé. Vous auréz un vrai diner de famille. Je vous attendrai chez moi ou vous me prendréz a une heure, ou une heure un quart.

Je crois vous avoir toujours montré une ame désintéressée, et je ne mesure jamais le dégré de mon amitié a l’utilité dont peuvent m’être mes amis, et j’apprehende même d’être indiscret plus avec eux qu’avec tout autre, je ne puis cependant m’empècher dans la circonstance ou je me trouve, avec le désir que j’ai de retourner en Amérique de m’adresser a vous. Et je vous prie de me mander si par votre intercession et votre entremise auprès de M. Votre pere, je ne pourrois pas obtenir un passage sur la frégate L’alliance. Mon retour en Amérique avec les intentions que j’y porte ne pourroit être qu’agréable au congrés. Quand ils verroient un officier qui a mérité et obtenu chez eux le grade de Brigadier général, et qui pour ne point donner de jalousie ni troubler l’union de l’armée, se contente d’y servir comme volontaire, et de mériter les mêmes éloges que son frere, je crois Monsieur que cette facon de penser doit faire honneur et au paÿs a qui cette proposition est faite, et a celui qui la fait. Je m’en rapporte a votre amitié pour la faire valoir auprès de son excellence. Et j’attends votre réponse avec autant d’impatience que j’ai de plaisir a vous assurer des sentiments d’ami avec lesquels j’ai l’honneur dêtre, Monsieur et cher ami, Votre tres humble et tres obeissant serviteur

Laneuville

Je vous supplie de faire tous vos efforts pour me p[rocurer] la grace que je vous demande.
Addressed: A Monsieur / Monsieur franklin le fils / ches son excellence / Mr. franklin / A Passy
Endorsed: Laneuville 2. avril 1780. Ansd.
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