Le navire Le jonathas de marseille venant du cap isle st. Domingue dans laquelle j’ay des habitations, aÿant été forcez il y a trois ans par les mauvais temps de relacher à new London, ce navire y fut condamnez. Se trouvant hors d’état de continuer sa route pour bordeaux Lieuë de sa destination: et sa cargaison y fut venduë. J’y avois des sucres provenant de mes habitations, qui y furent par consequent venduë. Et les paÿements m’ont été fait en papier monoÿe: que le capitaine du navire prit et les Déposa à la chancellerie de boston par ordre de mr. de valnais alors le consul de france; et la somme qui me compette se monte à celle de Soixante mille huit cent seize Dollars qui à cent huit sol tournois Le Dolar fait pour moi une somme capital; etant sur tout pere d’une nombreuse famille.
Je ne puis croire monsieur que les états unis ne prennent des moÿens prompt pour acquitter son papier; et j’ose suplier v.E. de vouloir bien m’accorder ses bontez à cette occasion, en s’emploÿant en ma faveur, pour que j’en sois paÿé d’une manier ou d’autre; je sens trés bien qu’une puissançe aussi importante quoique sortant d’une guerre Longue et coutteuse, à un moÿeb à emploÿer pour sa Liberation; et quelle est trop juste pour ne point s’en occuper le plutôt possible. Quelle obligation n’aurais-je point à V.E. ainsy que nul autre si elle daignoit acceüillir ma Demande avec bontez; pour me faire paÿer d’une somme aussi forte, et qui en fesant partie de mon revenuë, fait par consequent leur bien et le mien. Jay l’honneur d’etre avec le plus profond respect Monsieur Vôtre trés humble et trës obeïssant serviteur