On n’a point fait de voyage ce mois ci mon bon ami ce qui fait que ma lettre ne sera pas aussi babillarde que les autres une petite abcense est cause de la possibilité de vous l’ecrire je craignois bien de laisser partire le Vaisseau sans lettre pour mon bien aimé, et puis quest-ce qu’il auroit dit? Ces hommes sont si injustes quand ils sont trompés dans leur attente.
Je suis à la campagne depuis vingt jours mes malades sont parfaitement rétablis mon âme est tranquile mais elle est encore bien triste. Oh! mon ami! la perte d’un enfant est bien cruelle à suporter. Heureusement que je vis dans la solitude plus que jamais, plus que jamais je m’en trouve bien toujours seule n’est-ce pas dire toujours penser à vous.
Ma bonne et tendre amie Md de Mal…est venue me voir elle passoit par St…pour aller à la terre de son beau frere elle a profité de l’occasion, dabord on a cru que c’etoit Md la comtesse d’artois qui arrivoit chez moi tant son train ètoit magnifique, toute la ville en a parlé mais bonne et charmante femme! son coeur est toujours la même pour moi. Elle m’a parue avoir une assez bonne santé pour son ètat car elle est bien surment grosse et compte accoucher à la fin de septembre. Son mari qui a l’air d’avoir beaucoup de complaisance pour elle m’a promis de l’amener coucher ici à son retour vous voyez mon ami que tous les maris ne sont pas intraitables. Elle m’a dit que notre obligeant ami n’etoit pas tres bien portant sa maladie est de la langeueur, ce qui est plus dificil à guerire que des maux plus violents mais dont on connoit les remedes, j’espere pourtant que son état n’est pas dangereux. J’en aurois un veritable chagrin. La maniere dont il nous oblige m’attache à lui pour la vie par les doubles sentimens de l’amitié et de la reconnoissance j’espere le voir cet été il m’a promi de venir ici je vous assure qu’il sera bien reçu apres son ami c’est le confident qui fait le plus de plaisir à voir, il est encore une chôse qui fait un doux plaisir dans l’abcense c’est une lettre et ce plaisir je l’ai si peu! Depuis celle dattée du 10 juin je n’en ai pas reçue, et encore je n’ai pas la consolation si néssesaire aux femmes! Je ne puis gronder il n’y a pas de vaisseau d’arrivé mon aimable ami n’a pas de tort. Non il n’en aura jamais! Il aimera toujours sa bonne amie il fera tout ce qui dépendra de lui pour ne la pas afliger. C’est une justice que mon coeur aime à vous rendre mon cher f…je suis persuadée que s’il vous eut été possible vous auriez fait mon bonheur, les peines que vous m’avez causés…Eh! bien il n’ètoit pas en votre pouvoir de m’en garentire, aussi il y a long tems que mon coeur vous les a pardonnées il faloit un ange céléste et mon tendre ami n’est qu’un ange térréstre. Je me sens plus de courrage que jamais à vous jurer que vos doutes sur mes peines passées n’etoient pas fondés à présent que je n’ai point la crainte que vous puissiez suposer un interet dans mes assurances, je vous jure par tout ce qu’il y a de plus sacré que vous seul aviez causé mes chagrins, je veux vous persuader mon bon ami en vous disant cela que je ne vous en aime que plus tendrement. Ne cherit on pas les objets dans ce monde a proportion de ce qu’il nous ont coutés les peines que vous m’avez causées sont un lien que je regarde comme sacré et telle chôses qui puisse arriver vous serez étérnélment cher a mon coeur. Mais mon ami vous ne reviendrez plus helas [je] le crains! Vous ne voulez rien demander, je ne puis ni ne dois vous blamer mais attendre la justice des hommes…Oh mon ami vous ne reviendrez plus! Encore s’ils etoient tous comme votre vénérable pere je conserverois de l’espoir, son ame est l’asile de la justice et de la vertu donnez moi des nouvelles de ce bon papa j’en veux aussi du candide B…et puis j’en veux bien en détaille de mon bien aimé, comment est votre santé? Surtout dites moi que vous conservez votre embonpoint voila tout ce que je vous demande sur cet article, donnez moi un peu de detailles sur votre maison je crois que vous la gouvernez parfaitement bien mais je vous prie en y de ne point prendre de femmes à votre service qui s’appele serise j’ai ce nom en horreur! Oh! mon ami [ce?] coeur si délicat! Se pouroit-il?…Adieu mon tendre ami je vous embrasse aussi tendrement qu’il est possible aimez moi aimez toujours. Je vous envoys une élégie qui convient à un coeur malheureux et fidél. On en trouve peu mais enfin on en trouve. L’auteur de cette interessante piece de vers est Mon le chevalier de parny il a un frere fort aimable aussi, qui veut aller dans votre pays à present c’est une envie qui gagne tout le monde, il y a même des gens qui l’ont et qui n’ose le dire adieu adieu aimez écrivez et vous serez le plus aimable comme le plus aimé des amis