1. Mr. franklin doit entendre sufisamment les affaires de Commerce pour sentir qu’il est très important qu’il s’unisse et s’interesse de toutes ses forces à la Compe. qui vient de signer un traité, a lui connu, pour faire un Commerce etendu avec les Colonies unies. 2. Les fonds que cette Compe. destine pour ce Commerce sont considérables, mais elle est a portée d’en sortir beaucoup plus encore, en proposition des emplois, de l’extension et de la soiliditée que l’on pourra donner a leurs spéculations. 3. L’entreprise que fait cette Comp. doit être une affaire d’Etat et de Commerce pour MM. les Deputés, parcequ’ils savent mieux que personne quelles sont les denrées nécessaires aux Colonies. 4. On sait que les Colonies manquoient de toiles, draps, vins, &c. et qu’on y a vendu de ces denrées a des bénéfices de 5. & 6. pour 1. Des Negociants qui exposent leur bien pour fournir aux besoins des Colonies, doivent gagner; mais il est important pour MM. les Deputés d’agir pour que la balance ne panche pas trop du même coté. S’ils eussent d’abord trouvé un moyen d’approvisionner les Colonies en donnant 3. pour 1. ils eussent faire un coup d’Etat, puisque les Colonies auroient eues le double de provisions pour la même valeur qu’elles ont données. Aujourd’hui on peut faire mieux. Les opérations de Commerce avec les Colonies meritent donc la plus grande attention de MM. les Deputés. 5. Une Compagnie qui se presente pour travailler de concert avec MM. les Deputés doit être accueillie très favorablement puisquelle se propose de traiter loyallement et en grand, Sans exclusion, pour fournir aux besoins des Colonies par échange de leur superflu. [addition at bottom of page in a different hand:] La compagnie dsire que Monsieur franklin veuille en signe de bienveillance et de protection leur donner pour associé Mr. Bashe son gendre, aux conditions que lui meme voudra y mettre.
Ils lui proposent un douzieme d’interet dans la societe dont les fonds font de douze cent mille francs, et seront tres contens qu’il y veuille mettre quarante mille francs. 6. Si les Colonies manquent plus d’une denrée que d’une autre c’est faute d’ensemble dans les spéculations pour les envois. Au moyen d’une Compe. qui dirigeroit ses envois sur les instructions de MM. les Deputés, on seroit en état de pourvoir a tout, avec ordre et celerité. 7. S’attacher a établir actuellement la concurrence et attendre tout par cette voie, c’est commencer par où on doit finir, c’est s’exposer a manquer de tout. Il est essentiel de pourvoir aux besoins urgents des Colonies, c’est un moyen certain de leur donner des forces et de leur procurer l’abbondance; tandis qu’elles sont dans la disette, au milieu des denrées de leur crû, qui sont en nonvaleurs.
Les denrées du crû des Colonies doivent être regardés par MM. les Deputés comme leur Tresor, comme la monnaye d’echange avec laquelle ils peuvent achetter tout ce qui leur est nécessaire; en les laissant accumuller, ils enfouïssent les moyens qu’ils ont D’éviter la misere et la Soumission des Colonies.
Que la concurrence s’eveille, s’anime, rien de mieux; alors la Compe. sera forcée de donner a bas prix les marchandises d’Europe et achettera plus cher celles des Colonies; mais si on comptoit seulement sur cette concurrence, on pourroit manquer souvent des objets les plus nécessaires. 8. Au lieu D’hésiter, M. franklin doit saisir avec empressement les propositions qu’on lui a faites pour traiter avec la Compe. il pourvoira promtement d’une maniere certaine & avantageuse aux besoins pressants des Colonies. Ces reflexions doivent en faire naitre d’autres à MM les Deputés pour une Compe. honnête & loyale qui doit être encouragée & traiter avec certitude.