Le desir de voir votre Pays libre ma fait imaginer deja depuis longtems un plan de souscription en sa faveur, tel que le verrés dans la petite brochure ci jointe: ma repugnance a paroitre en public et la forte persuasion où j’etois que par leurs propres forces les Provinces-Unies parviendroient à l’independance mont toujours tenu dans linaction, mais dès que la nouvelle de la prise de Charles Town est parvenue dans nos contrées j’ai publié mon plan: Je ne sais Monseigneur comment vous envisagerés ce procedé; je nai consulté que mon coeur et la justice, pouvois-je consulter ailleurs? Icy les partisans des ameriquains ont sur cette matiere des notions trop imparfaites, mes amis me paroissent trop froids; ainsy reduit à moi même, pressé dans lexecution par la circonstance il ny auroit rien de surprenant si je metois egaré: pour surcroit de revers mes affaires privées m’ont tenu eloigné de la presse, je nai pû voir les feuilles, ce qui fait qu’elles sont chargées de fautes grossieres que l’Imprimeur na redressées qu’en partie par un Errata incomplet; J’en fais neanmoins distribuer en Suisse et dans les lieux circonvoisins, mais outre que ce cercle est fort petit les Expediteurs qui ne trouvent pas là de quoy satisfaire leur avidité agissent avec lenteur.

Je voudrois que mon zêle pour la cause americaine passat chez le Peuples les plus eloignés pour quelle fut soutenue efficacement et je ne suis pas secondé; c’est donc à vous Monseigneur dont les principes sont connus ou au Chargé d’affaires des bons Peuples d’amerique qui êtes par etat attaché à leurs interets à qui je dois naturellement maddresser dès là vous ne rejetterés pas mon offrande; c’est mille Exemplaires de l’Imprimé cy inclus, je vous prie Monseigneur de ne pas refuser ce petit don pour vos Constituans et de vouloir m’indiquer en quel lieu je dois vous le faire passer vous obligerés beaucoup celui qui est avec respect vôtre très humble et très obeissant serviteur