Sans le regret que J’ay de derober aux plus grands interets, des momens précieux celuy-cy seroit un des plus agréables de ma vie; puisqu’il sagit de vous parler de l’Amerique Septentrionale: patrie heureuse au sort de laquelle je m’interesse comme a celuy de mon propre pays.

Je desirerois, Monsieur, reunir tout ce qui concerne cette revolution a jamais memorable, que la tirannie avoit preparée et d’ou le courage et la vertu ont fait naitre l’inappréciable liberté.

Mais je ne voudrois pas confondre des pieces inexactes ou apocriphes avec des actes dont la certitude et l’autenticité sont audessus de tout soupcon.

Or je ne puis m’adresser a personne au monde qui soit plus en Etat de m’indiquer les Sources pures ou je pourrai puiser les lumieres que Je cherche: c’est meme ce qui justifiera a vos yeux, Monsieur, la liberté que Je prens de recourir a vous, et la priere que Je vous fais de vouloir bien venir a mon ayde; comme ce sont vos vertus qui justifient le vray respect avec lequel j’ay l’honneur d’estre, Monsieur, Votre très humble et très obeissant serviteur