J’ay eu l’honneur de vous addresser le premier du present mois un mémoire détaillé des torts que le Commodore Guillen a eu envers moy. Votre Equité aura été suffisamment instruite de l’abus que ce Commodore a fait de ma bonne foy et de la confiance que ses promesses m’ont forcé d’avoir en luy. Mes plaintes auront certainement paru justes, et je dois croire que vous les aurez jugé telles.

Ma situation presente est des plus malheureuses, obligé de vendre des Effets de premiere necessité par besoin de vivre, J’ay encor été obligé de contracter des dettes pendant les huit mois que ce Commodore m’a retenu en cette ville par des promesses et assurances illusoires. J’ay perdu un tems precieux et je pouvais etre emploié deux fois, la délicatesse m’a fait refuser ces deux armements. Les Circonstances de l’Etat me presentent l’instant d’etre emploié sous les Drapeaux du Roy. Je desire me faire armer et partir avec Mr. le Marquis La fayette, ou avec Mr. de Rochambeau. Je suis arreté dans mon projet par le manque général des Effets cedés et par mes petites dettes icy. Je vous supplie Monsieur, de vouloir ordonner une indemnisation à mon profit. Mr. Pennet nouvellement de retour que j’ay eu l’honneur d’informer de ma situation vous rendra Compte de la verité des faits et de la Justice de mes plaintes. J’ose croire que ma malheureuse situation fixera votre attention et vous portra à statuer sur ma demande. Vous evitrez au Commodore la douleur de se voir traduire à un tribunal qui par sa Constitution juge les differents qui n’ont que l’honneur et la bonne foy pour Base et Convention. Je serai trop heureux si jamais je puis trouver l’instant pour vous prouver ma reconnaissance du jugement que vous voudrez bien rendre en ma faveur sur cette affaire.

J’ay l’honneur d’etre avec un parfait Respect, Monsieur, Votre tres humble et obeissant serviteur