Suplie en très profond respect George-Leopold Besson, domicilié à Montbeillard, et dit, Que feu ferdinand Jérémie Besson, son pére, aprés avoir servi longtems comme bas officier, dans un des Régimens Suisses attaches au service de S. M. T. C., vint se retirer à Montbeillard, ou il est mort, en laissant le trés humble supliant dans un état d’autant plus triste et déplorable, que perclus de la majeure partie de ses membres, allité depuis plus[ieurs] années et sans aucun mouvemens et Sensibilité dés la Ceinture en bas; il se voit privé des ressources qu’il auroit pu trouver dans le travail, pour se procurer les moyens de subsister dont il est absolument destitués.
Dans lintention d’alleger ses maux, il prit la liberté de faire parvenir [il] y à quelques années, sa trés humble requete à M. Le Comte de st. Germain, alors Ministre au Departement de la Guerre et une seconde requête à S. A. M. Le Prince de Montbarrey, actuellement Ministre au même Département, apres y avoir été renvoyé premierement par M. Turgot, en second lieu par M. De Malesherbes, et dernierement par M. Necker, Directeur Général des finances Du Roi, pour qu’il plut aux Ministres de la Guerre, cidessus nommés, lui accorder quelqu’assistance dans l’etat malheureux ou il se rencontre, comme il le justifie par la Lettre jointe de M. Necker; il ose joindre aussi la copie du Certificat de son Médecin pour faire conter de son etat de maladie, et un Lettre en original de M. Le Garde des Sceaux.
Mais jusqu’a present ses requêtes n’ayant point produit les effets qu’il osoit s’en promettre, il vient trés humblement vous supplier, Monseigneur, de lui accorder Votre Protection, vivement persuadé, que si Vous daignés appuïer sa Demande auprés de Monseigneur Le Prince de Montbarrey, elle lui sera aussitôt accordée.
Il ose se flatter que vous lui ferés d’autant plûtot cette Grace, qu’il est connu d’un chacun que Votre Grandeur se plait â faire des heureux.
Le trés humble supliant se voit par une suite de cette déplorable maladie dans l’impossibilité de travailler pour gagner sa vie, celle de sa femme et de ses enfans, et se voyant aussi sans appui et sans protecteur dans le triste et pitoyable etat ou il se trouve réduit, ce qui fait qu’il vient, très humblement, implorer la Clémence de Votre Excellence.
Il a trop bonne opinion de Votre Pieté, pour douter de la Grace qu’il ose Vous demander; Encore qu’il n’a point l’honneur d’etre connu de Votre Excellence, l’estime que tout le monde fait de sa Générosité, lui à donné la hardiesse de la suplier trés humblement comme il fait de lui accorder Votre Protection.
Jusques-ici, Monseigneur, Les ressources que le trés humble supliant à eus pour vivre avec sa femme et ses enfans proviennent, de la commisération, que son état malheureux à excitée, chez differentes Personnes de cette Ville; mais comme [ces?] mêmes ressources ne sont pas toujours égales, et qu’il éprouve journellement qu’elles diminuent, au point qu’à p[eine?] peut il vivre avec le peu qu’il reçoit actuellement, il à osé, Monseigneur, espérer que Votre Excellence, informée de son triste sort, et qu’il est fils d’un pére qui â longtems servi dans les Troupes au service de S. M. T. C., voudroit bien par un Principe de Charité; contr[ibuer] pour quelque chose â son entretient â son soulagement, et â celui de sa triste et malheureuse famille; entretient [que] le genre de sa maladie, l’empêche absolument de procurer. Il ose donc se flatter aussi, Monseigneur, que Votre Excellence, touchee de compassion à la vue de son etat triste, daignera assister le trés humble supliant de ses charités; celui-ci l’assurant trés respectueusement des ardentes prieres qu’il fait â Dieu, et qu’il fera jusques a sa mort, pour sa prospérité, et celle de son Auguste Famille. Il fait aussi journellement des voeux sincéres au Tout puissant pour la prospérité des Armes de S. M. T. C., et celles des Treizes Etats Unis, ainsi que pour la Gloire et la Durée du Règne du Meilleur des Rois. Le trés humble supliant ose s’assurer de n’etre point éconduit en sa demande, parce qu’il sait que Vous étes extrêmement bon, et que Votre Excellence prend un singulier plaisir à obliger un chacun, il en conservera éternellement la mémoire dans son coeur, se sera une Grace spéciale.