Pardonnés a la lettre d’un inconnû, que le desir de s’evertuer, porte a Vous importuner, je supplie Votre appui, Votre conseille et Votre entreposition. Je suis oficier d’Infanterie a l’armée suedoise; mais le service perpetuel de garnison m’ennuÿe, j’aimerois voir un peu plus et me trouver a des endroits ou il s’agite du serieux: ma patrie est actuellement en paix, de sorte, que je n’ÿ saurois mon metier comme je le souhaite, pour coupér court Monsieur j’ai resolû d’aller en Amerique, et je suis sûr que le roi mon maitre m’accordera la permission; mais comme il ne me convient non plus de courir le monde sans esperance d’atteindre mon bût, et d’etre bien reçû; j’ose Monsieur m’informer par le present, si Vous voulez engager un jeun homme dans les services de Meseigneurs Vos maitres dans le grade au moins comme premiér Lieutenant, que je suis ici, et si Vous m’accorderez les frais de voïage de la France jusqu’au lieu de ma destination? Je comprend assés Monsieur que Vous ne sauréz guere Vous embrasser d’un chacun, c’est pourquoi je m’oblige de Vous prouver, ou il Vous plaira en françe, par mes patentes et d’autres pieçes, digne de foi, que je ne suis ni vautrien, ni avanturier, ni necessiter d’entreprendre ce pas. La reponse Monsieur que Vous daignerez donner a un homme qui ne cherche que de l’experience et de l’honneur sous les Drapeaux de la liberte me decidera ou non. Je Vous la supplie instament et sans delais, en Vous assurant Monsieur que personne au monde ne sauroit meriter cette grace avec un devouement et une consideration egale comme celle dont j’ai l’honneur d’etre, Monsieur, Votre très humble et très obeissant serviteur