Depuis près de 3. ans que La Demoiselle Morlon et moi avons faites des avances pour différens officiers Mariniers, des Vaisseaux Le Bon’homme Richard, La Pallas, L’alliance et autres, Tant pour pension que Vétêmens Nous ne pouvons parvenir à en obtenir le remboursement malgré les supplications que nous avons faites à Messieurs Montigny et Moylan Négoçiants à L’Orient chargés de partie des fonds provenants de ces prises. Nous avons fait présenter un placet au Ministre par Madame La Comtesse de Maillé, M. De Castries à donné des ordres de nous payer mais Messieurs Moylan n’a pas jugé à propos d’y avoir, il nous à dit qu’il étoit de nôtre interrest de vous ecrire si nous désirions etre soldés, que Vous seul, Monsieur, avoit droit de le faire, Nous nous recommandons à vous, et vous supplions de vouloir bien nous etre propice, nous sommes de Mal’heureuses meres de famille dont les maris sont au service depuis très Long Tems, et sans fortune ayant sacrifié Toutes nos petites facultés à fournir des pensions à ces différens Marins dans l’Espoir d’en Etre payées promtement, mais nous voyons avec peine les difficultés que nous éprouvons pour y parvenir, ce qui nous à Extraordinairement accablées etantes à la veille d’essuyer des Sequêstres sur nos meubles pour satisfaire à des obligations contractées pour cet Effet d’un autre Côté une nombreuse famille à soutenir qui languit dans la derniere des Misères, Nous espérons, Monsieur, que vôtre ame généreuse et compatissante voudra bien prendre pitié de Nous et donnera des ordres pour que nous soyons payees des sommes qui nous sont dües; nous ecrivons par ce courier à Madame La Comtesse de Maillé et la supplions d’intercèder pour nous auprès de Vous. Nous suplions de grace de vouloir bien nous etre propice nous vous en aurons une bien sensible obligation, et nous ne cesserons de former des voeux au ciel pour la conservation de vos précieux Jours.
Nous avons l’honneur d’etre avec un profond respect, Monsieur, Vôtre très humble et très obeissants servantes