En remerciant vos H. P. des ordres que leur humanité a doctés par rapport aux blessés, qui étoient à Bord des deux vaisseaux du Roi, le Serapis et La Comtesse de Scarborough, je ne fais que m’acquitter des ordres précis de Sa Majesté en renouvellant les instances les plus fortes et les plus pressantes pour l’arrêt et la restitution des dits vaisseaux, ainsi que pour l’elargissement de leurs Equipages, dont le Pirate, Paul Jones, d’Ecosse, sujet rebelle et criminel d’Etat, s’est emparé.
Les sentimens d’équité et de justice de vos H. P. ne laissent pas lieu de douter, qu’en prenant dans une plus mure délibération toutes les circonstances de cette affaire, Elles reconnoîtront aisément la solidité d’une demande aussi fondée sur les traités les plus solennels qui subsistent depuis plus d’un siècle, entre la Couronne de la grande Bretagne et les Provinces-Unies que sur les principes du Droit des gens et la coutume des nations amies et alliées.
Les stipulations du Traité de Breda du 28-31 Juillet confirmé et rappellé expressement dans celui de 1716 et dans tous les Postérieurs, sont trop claires et incontestables à cet égard, pour ne pas en sentir toute la force.
Le Roi croiroit déroger à Sa Dignité, autant qu’à celle de V. H. P. en exposant les particularités d’un cas aussi notoire que celui dont il est question, ou citant vis-a-vis des anciens amis et allies de Sa Couronne les exemples analogues des autres Princes et Etats.
On se Bornera à remarquer, que les Placards-même de V. H. P. en prescrivant aux Capitaines des Bâtiments etrangers armés en guerre, de présenter leur Lettres de marque ou de Commission, autorisent d’après l’usage Général des Amirautés, à traiter en Pirates ceux dont les Lettres sont reconnues illégitimes, faute d’être émanées d’une Puissance souveraine.
La qualité de Paul Jones, et toutes les circonstances de l’affaire, ne pouvant, par leur notoriété, être ignorées de V. H. P., l’Europe a les yeux fixés sur leur Résolution. V. H. P. connoissent trop Le Prix de la bonne foi, pour ne pas en donner l’exemple en cette rencontre essentielle; le moindre éloignement d’une regle aussi sacrée, en affoiblissant l’amitié entre les voisins, produit souvent des suites malheureuses.
Le Roi s’est toujours fait grloie de cultiver l’amitié de V. H. P. Sa Majesté persiste constament dans les memes sentimens: mais la nation angloise ne croit pas s’être attiré par aucune de ses démarches que ses concitoyens soient détenus prisonniers dans un Port de la Rep.; par un homme sans aveu, sujet du même Paÿs, et qui jouit de cette Liberté, qui leur est ôtée.
C’est pour toutes ces raisons, et bien d’autres, aussi solides, qui ne sauroient échapper à la haute pénétration et à la sagesse de V. H. P., que le soussigné espere de recevoir là-dessus une réponse prompte et Favorable, conforme à la juste attente du Roi son maître et à La Nation Britannique, Fait à La Haÿe ce 29 Octobre 1779