From — Du Marquet and Other Applicants for Emigration
als: American Philosophical Society
Bollene—par le pont st. esprit. Ce 1er. mars. 1780.
Monsieur

Quoique je n’aye pas l’honneur d’etre Connû de votre excellence vos talents, et vos vertus qui ne Sont ignorées d’auc’un francois m’enhardissent a avoir Celuy de vous ecrire avec la plus entiere confiance.

Je ne Connois l’amerique septentrionale que par les diverses relations que j’en ay lû; le discours (surtout) philosophique et politique de l’etablissement des européens dans le nouveau monde ma donné des etats unis dont vous etes le representant, Monsieur l’idée la plus avantageuse: et me fait desirer de pouvoir un jour aller m’y transplanter avec ma famille. J’ay l’honneur d’etre né gentilhomme; mais ma fortune est si modique que je me verray dans l’impossibilité de pouvoir elever des enfans cheris, (et dont le nombre augmente chaque année) d’une maniere relative a leur naissance. Ma tendresse pour eux, que partage avec moy une femme qui a tous egards merite le tendre attachement que j’ay pour elle m’engage a chercher de reparer par un moyen honnete l’injustice du Sort qui sembloit m’avoir fait naitre pour jouir d’une Situation heureuse.

J’aime ma patrie; je partage avec la nation l’amour merité, et le juste enthousiasme ou elle est pour notre jeune monarque digne descendant d’henry quatre. Mais Ces precieux sentimens la doivent ils me faire rejetter les moyens qui pourroient Contribuer a procurer un sort plus heureux a Ce que la nature, et mon Coeur me disent que j’ay de plus cher? J’en appelle a vous Monsieur vous etes Citoyen, mais vous etes père.

Si votre excellence Croit que mes idées de transplantation puissent se realiser avec avantage j’ose la prier de me dire son avis la dessus. Quelque occupation que puisse vous donner le poste que vous occupés, ne restil pas toujours un moment de loisir a l’homme de bien pour s’occuper du bonheur d’autruy? Si la reponse dont j’ose me flatter que vous voudrés bien m’honorer devenoit pour moy un encouragement a suivre mes projets, je serois flatté de meriter par quelque chose d’utile la bienveillance des nouveaux Compatriottes qui m’adopteroient, et pour Cet effet je proposerois a votre excellence quelques idées dont la reussite que je Crois infaillible procureroit un jour de grands avantages aux etats unis. J’ay pensé qu’il ne me falloit aucun moyen intermediaire pour m’adresser a vous; persuadé que je Suis qu’il est plus digne de vous, et de moy-meme de n’interesser que la sensibilité de votre ame, et l’utilité peutetre dont je pourrois devenir.

Je me reserve Cependant Monsieur lorsquil en seroit tems de me faire presenter a votre excellence par des personnes de Consideration qui ne puissent laisser chès vous aucune idée de mefiance envers moy. Je Crois la chose indispensable si en voulant bien repondre a ma Confiance je dois etre dans le Cas de vous proposer quelques idées.

J’ay l’honneur d’etre avec respect. Monsieur. votre tres humble et tres obeissant Serviteur

Du marquet

Notation: Morket Mars 1st. 1780
634003 = 032-014a.html