Si je n’ai pas repondu, Monsieur aux Deux Lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’ecrire, c’etoit purement par delicatesse; ne pouvant le faire sans vous dire des vérités désagreables; et vous auriez du, ce me semble l’entendre ainsi et ne pas me faire des reproches à ce sujet. Vous me forcez actuellement a prendre la Parole, et a vous Blesser peut être d’avantage par ma reponse que par mon Silence.
D’abord, Monsieur, Mr. houdon n’est pas charge par le Congrès d’exécuter des Statues; et quand même il le seroit, je ne vois pas quelle raison vous auriez de vous recrier contre, comme vous le faites. Les Prétentions que vous mettez en avant avec tant d’assurance, sont pour la plupart, mal fondées et quelques unes même indécentes. Mon ayeul en a été aussi étonné que moi, et il ne sest jamais imaginé que lorsqu’il s’est preté a vos Instances et à celles de ses amis, pour vous donner des séances, qu’il viendroit un Jour où vous lui reprocheriéz d’avoir fait son Buste Gratuitement; et que ladessus vous fonderiez vos Prétentions pour être employé par le Congrés.
M. houdon a egalement fait le Buste de mon ayeul Gratuitement, et de plus en a même envoyé 4 en Platre, aussi Gratuitement. Mais il ne s’en est pas venté, et n’a pas crû que ce fut une Raison pour etre Employé plutot qu’un autre dans les ouvrages que le Congrés jugeroit à propos de faire executer dans ce pays cy.
Ce que vous avancez egalement au sujet du Tombeau du Genl. Montgomery n’est pas mieux fondé que la promesse que vous prétendez vous avoir été donnée par mon ayeul: Il tient toutes celles qu’il fait, et pour cela n’en fait jamais de cette nature. Apres avoir recu le Prix convenu d’avance pour le Tombeau, comment pouvez vous dire que vous vous etes contenté de la Gloire de l’Exécution? Croyez moi, Monsieur, ce n’est pas ainsi qu’on gagne l’Estime des honêtes Gens; et quand on se donne tant de peine pour paroitre désinteressé, on découvre souvent ses veritables sentiments.
J’ai l’honneur d’être Monsieur votre tres humble et tres obeissant serviteur