L’an passé, j’eus L’honneur d’écrire a votre excellence pour Lui demander du service, vous me fites La grace de me répondre avec tant de bonté, que cela m’a enhardi a saisir cette occasion favorable à féliciter Les états unis de Leur indépendance absoluë Les voila a même de se donner une forme et constitution durable et permanente.

J’ose joindre ici un essai de constitution, que j’intitule, Le Royaume Imaginaire, c’est une partie des idées que j’ay autrefois couchées par écrit etant depuis si Longtems sans emploi. Quand on n’a rien a faire on s’avise de tout. Ce n’est point a moi a donner des Leçons; mais il est permi d’écrire, surtout choses qui ne font tort a personne.

J’ay encore des Notions sur La fortification, et sur La meilleure forme Militaire, d’aprèz de trez bons auteurs, que j’ay eu Le tems de digerer depuis L’an 1763 que je suis réformé.

Vous me direz Ladessus, que Laus propria sorda, mais je n’ay personne pour m’étayer. Je suis contraint a me jacter. Voila ou me réduit mon inaction.

Ne prenez pas a mal ce que j’ay L’honneur d’écrire a votre excellence; car je Le fais de la meilleure foix du monde, je voudrois que personne ne faillit en quel point que ce soit: cependant je fais des fautes a chaque instant. J’ay L’honneur d’être pénétré du profond respect avec Lequel jose me dire Monseigneur de Votre Excellence Le trez humble et trez obéissant serviteur