From — Galart (unpublished)
Paris le 10. avril 1783.
Monsieur l’Ambassadeur,

J’ai l’honneur de remettre a votre Excellence le mémoire qu’elle m’a permis de lui adresser, concernant les avantages que le Port de Bayonne présenteroit aux Etats unis sur les autres Ports françois de l’Océan, s’il étoit ouvert à leur commerce, et affranchi du payement de tout droit. Je n’y avance rien qui ne soit dans l’exacte vérité, et je supplie Votre Excellence de le recommander à l’attention de M. Barcklay, comme elle a bien voulu le promettre à M. de Lafreté et à moi.

Votre Excellence m’observa que vraisemblablement le commerce fréquenteroit les divers ports du Royaume, et s’arrêteroit à celui qu’il croiroit lui convenir le mieux. Il paroit au premier aspect que son choix deviendroit alors le fruit de l’expérience: cependant il me semble que cette espéce de comparaison seroit sujette à des resultats fautifs, parceque les droits qui s’y perçoivent, à peu près les memes partout, pèzent plus ou moins et produisent différents effets suivant les lieux: et je suis trés convaincu que la fréquentation actuelle de ces Ports ne sauroit seule faire prévoir sur lequel il seroit le plus utile de faire tomber l’affranchissement des droits du Roy en faveur du commerce americain. Bayonne en est, Monsieur l’ambassadeur un exemple frappant: tel que ce Port est aujourd’hui, il rebute les Etrangers, parceque les droits et les formalités y pezent sur l’industrie d’une maniére sensible, et retardent ou s’opposent à l’emploi des marchandises pour l’interieur de l’Espagne, tandis que s’ils étoient supprimés, il s’ouvriroit des écoulements nombreux qu’on ne peut espérer ailleurs.

Cette observation m’a induit à penser, Monsieur l’Ambassadeur, qu’on ne peut guères connoître le Port le plus utile au commerce des Etats unis, qu’en cherchant préalablement quels seroient les effets de la suppression des droits dans chacun des Ports, et en comparant ensuite ces effets entr’eux. C’est l’objet du memoire que vous voulés bien recevoir, et qui, si le traducteur ne m’avoit fait attendre, seroit deja depuis deux jours entre les mains de Votre Excellence. Je serai à ses ordres toutes les fois qu’elle pourra desirer des explications plus amples.

Je suis avec le plus profond respect, Monsieur l’Ambassadeur, de Votre Excellence Le trés humble et trés obeissant serviteur

Galart
deputé de la Ville de Bayonne
a l’hôtel de champagne rue Montmartre.
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