From Jean Guillaume Backhaus (unpublished)
à Hannovre ce 7. fevr. 1783.
Monseigneur,

J’ai l’honneur de feliciter Vôtre Excellence de la paix glorieuse, qui vient d’être conclue, et dont l’histoire éternisera Votre nom très respectable et Vos insignes merites.

A Son rétour me vinrent quelques considerations en égard de l’Armée des Etats Souvrains de l’Amerique Septentrionale, lesquelles mon zêle m’inspira, et ma confiance respectueuse aux gracieux faveurs de Vôtre Excellence m’engage d’exposer ici très humblement. Elle est formée d’indigênes que le patriotisme a armé et qui sont rappellés par la paix à leurs occupations ordinaires lesquelles ils ne sauroient abandonner sans faire une perte notable à leurs compatriotes. Mais puisqu’il sera necessaire d’entretenir un Corps d’armée il paroit profitable d’y faire entrer des Etrangers qui remplaceroient autant d’indigênes augmenteroient l’industrie et dont la posterité—si l’on ne les empeche pas de se marier, ce qui les oblige à une plus grande fidelité et au Soin de leur famille profitable au public—fourniroit nombre de natifs.

Les trouppes allemandes, qui ont Servi contre les Etats Souvrains durant la guerre passée, sont accoutumées au Climat et à la nourriture, habillées, armées et exercées. Le Prince Marggrave d’Anspac en a fait transporter pour payer des Subsides les dêttes de feu son pere, qui en a chargé Son pais par des depenses enormes pour la fauconnerie des housards. Il ne se consolera de voir cesser Ses Subsides avant de s’étre entièrement dechargé de ces dettes, que par l’idée que la paix ait mise Ses trouppes hors de fonction.

A leur rétour il ne lui reste qu’à les reformer et à garder leurs armes au l’arsenal, jusqu’a ce qu’après Sa mort S.M. Prussienne trouve bon de les en retirer.

Le Prince de Waldec, dont la revenue principale font les Eaux de Pyrmont, se trouve dans le même cas, et je crois de pouvoir ajouter celui d’Anhalt Zerbst. Ils ne seront pas éloignés de vendre leurs régiments lesquels il leur faudroit réformer à leur rétour, sans aucun dédomagement, ce qui plongéroit bien de gens, dont leurs pais abondent, dans la misêre.

Ayant de mes amis aux conseils des Princes d’Anspac et de Waldec, j’offre mes très humbles Services pour entamer cette negociation, qui n’est pas sans exemple, vû que la cour d’Hannovre a acheté l’an 1760 un Regiment d’Infanterie du Duc de Saxe Gotha qui garde Son nom. L’avantage qui en Suivra est que l’on sauroit établir une levée perpetuelle de récrues pour ces regiments allemands dans les Cercles de la Franconie, de la Suabe et du Rhin, et veritablement à les augmenter successivement de plusieurs bataillons.

Il n’y a païs au monde qui soit si facile à cette permission (?) et je me charge avec mille plaisirs du plan et de l’arrangement de son execution, ayant la parfaite connoissance de ces cercles. Mon depart d’ici se tardant jusqu’aux Paques, j’abandonne très humblement à Vôtre Excellence de Se Servir de l’addresse, que j’ai donné l’autrefois à Hambourg, ou de me faire écrire directement ici, si Elle me fait la grace d’une reponse. C’est avec le plus profond respect que j’ai l’honneur d’être Monseigneur De Vôtre Excellence le très humble et très soumis Serviteur

Jean Guillaume Backhaus
Docteur en Droits
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